dimanche 24 septembre 2017

MES GARES REVISITEES I ENTRE 2015 ET 2017

 

1er DEPART AA DERNIERS POEMES RETROUVES

Adresse province michel-orel rosiu

2, place d’armes

Saint Jouin de Marnes

79600 Plaines et vallée.

0

5, rue Constant Berthaut

Paris XXeme 75020

 

Pour envoi Eds.quelques pièces à ordonner.          

……….. PDF

« ON est pas sérieux, quand on a  dix sept ans… » disait le Gamin. Soyez assurés, ON ne l’est guère plus à quatre vingts,  sinon moins !

 La preuve ; je vous envoie ces quelques textes agrémentés de peintures pour conforter leur saveur.


 Pour  toute éventualité michele.rosiu@gmail.com

Et

michelorel41@gmail.com

        

  blogspot MINAIA

                    michelorelrosiublogspot.com

to :  Eds Bruno Doucey

Cour Alsace Lorraine. 67, rue de Reuilly  75012 Paris

contact@editions-brunodoucey.com

 

 

J’ai souhaité ne pas vieillir en milieu urbain. Celui que j’ai connu à Aubervilliers à l’époque des Etats Généraux de la Culture, j’y avais un atelier et un engagement artistique  le plus actif et le plus généreux que j’ai connu.   A l’exception de quelques foyers, le pays ne brille pas par une dynamique culturelle d'envergure  réellement populaire. 

Aujourd’hui je vis en milieu rural où la désertification culturelle est aussi remarquable que celle du médical.      C’est l’illusion occidentale dans sa phase finale avec quelques nids de résistance. Je pourrais écrire sans risque complaisance.

Pour information privée sachez que je suis sans le sous mais je ne fais pas encore le marché à midi trente.

 

Je ne vous connais que par mon directeur d’antenne, écrivain à ses heures. Il ne connait mon travail que par ma peinture et mes compétences en plomberie et usinages variés.

J’ai fait une série d’émissions pendant 10 ans sur les compositeurs et musiciens ignorés des radios génériques.

J’ai proposé quelques ouvertures sur la littérature et la poésie plus « enclume que souvenirs de Ramatuelle ». Ce fut sans suite. Vous connaissez l’état du pays ? La tendance CM2 élitiste est en progression exponentielle. Pédagogie et démagogie, une paronymie à usage sarko-hollando-macronien . « dégénératif » comme on dit décapant.

 Le titre générique est indicatif. Il manque quelques gares dont certaines sont en voie de naturalisation !

 

 

 


 

MES GARES REVISITEES  1
                      M.O.R
                 2015 – 2017.
 

Natanoucha et Ianoucha

 

Mes Fils 


Nous volerons les étoiles de mai

 

A l’aube du clair soleil

 

Et nous danserons avec elles

 

Habillées de jour

 

Nous irons dans les vastes plaines

 

Faites de silence et de rosée

 

Et nous les séduirons. 

  

 

                                Aubervilliers 4juillet 1988

 

Première série




 
       Introduction   
Version définitive  révision 27 août 2021
 

            Nous ne savions les lendemains,

Tant nous vivions au jour le jour

Dans la certitude de l’immédiat instant,

Sans  jamais en prendre la mesure.

La vie était ainsi, entre dérision et fantaisie,

Sans plus de prétention enfantine,

Que les libertés maternelles acquises,

Et qui ne dépassaient les berges de la Seine

Près de l’île des cygnes, à la semblance

Des tableaux , sans honte, imaginés.

La rue, courte, s'étendait en deux parties

Qui la situaient en extension jusqu’au métro,

Haut lieu de nos fréquentations tolérables,

Se prolongeant jusqu’à la place du faubourg

Où des bancs fantomatiques

Se jouaient des apparences, alignés 

Par des scellements de bitume écorché, 

Que venaient arroser les pluviales

     Jusqu'au débordement sur la chaussée.

Ces lieux de magnifique peuplement

N'offraient plus qu'un sombre délabrement

Où venaient s'échouer les yeux maladifs

De vies réduites à ne plus vivre.

Par lassitude, de trop d’attente,  

Les vieux, fatigués, étaient partis

Au pays des possibles, sans bagage,

Et où les rencontres, se faisant nuitamment,

Se perdaient dans des conciliabules amers,

Loin de ce qu’elles furent, lueurs d’ombres,

Parmi les murs, parmi les pavés.    

Cette venelle, caprice de synonyme,

Pouvait avoir changé en allure,

Sans qu’il fut besoin de tout réinventer,

Jusqu’à ce cottage, en folle audace,

De se maintenir parmi les vivants,

Et dont nous ne pouvions imaginer le jardin,

En verdure insolente, derrière la façade.

Les yeux couvraient l’espace d’un seul regard,

Et tout se reconnaissait en signature,

Bien que depuis longtemps déjà, 

La mémoire ne s’éveillât plus, portée    

Encore par quelques artifices

Qui renvoyaient, de ces jadis, 

Des images sans paroles.

 

1.    Révision du 27 août 2021.

 
 
 
 
 Bis

Les bancs d’aujourd’hui,
Dans des jardins incertains,
N’entretiennent plus de causeries,
Etrangement mêlées à la moiteur de l’air !







          
I) L’après guerre

Là où nous vivions, chaque année,
Les saisons paraissaient sur une trouée de ciel
Entre deux bâtisses sales et agressives.
Il n’y avait  pas d’arbres parmi les nuages
Flottant  à l’étroit au dessus des toits.
En bas, la cour était faite d’un faux damier
Livré à l’usure dans les angles,
Et d’un escalier aux barreaux ajourés
Dont la rampe  rejetait les  assises.
La lumière venait d’en haut, toujours pâle,
Dessinant la géométrie des murs,
Tantôt en clair, tantôt en sombre.
La vie était rangée en étages et fenêtres
Habillées de volets lassés, sans couleur.
L’habitude ne laissait rien paraître
Et chacun dans une discrétion grotesque,
Hormis une radio omni-présente à midi,
S’épuisait dans des toilettes communes
Noyées de sel acide et de chlore sulfureux.
D’aucuns se remarquaient fragiles et honteux
Furtifs dans leurs regards fuyants,
Quand la porte hurlait en la fermant.
Sur ce huis clos de la vie ordinaire.




Bis

 Entre les pavés
Une herbe rase
Et un ticket de métro !




intermède

 

Que peut savoir un poète  

Qui n’a jamais osé la peinture,

Ni même approchée, jusqu’à la toucher ?

Et que sait-il du dessin, par l’écriture

Qu’il pratique avec aisance ,

Et dont il s’amuse

Avec des mots hasardés

Où s’enlise la simple raison

Qui nourrit nombre d'illusions.

Que sait le poète,

Pour seulement convenir,

De ce qui lui parait juste à l’œil

Et agréable à la langue

Entre deux tasses, l’une de thé,

Et l’autre de café ?

 

 



Bis
  
Je la savais malade.
L’eut-elle jamais montré ?
Il faut savoir mentir !


 

 
II)     Le lendemain   (version B)  définitive.

 

C’était, en rentrant,  cette vapeur chaude

Qui venait des brûleurs chauffés au rouge

D’un chaudron à gaz avec son étrange soufflerie.

Dessus, une cuve à la vieillesse pardonnable

Faisait office de bouilloire.

Nul doute, l’après guerre n’en finissait pas,

Et d’en souffrir, entretenait des attitudes

Aussi surprenantes que singulières,

Par lesquelles paraître et survivre

Se confondaient en profusion désespérante

Avec un dénuement  inavouable.

Les rumeurs de rues familières

Se jouaient des bons d’alimentation,

Et du dévouement des bonnes oeuvres 

Réhabilitant les grands élans caritatifs.

Pour chacun, hors la violence du front,

Hors l’inimaginable de la déportation

La vie avait pu perdre le sens du réel

Sans le retour nécessaire de ce qu’il était

Quotidien, familier, et bien établi en sa nature.

L’indifférence put reprendre sa place,

 L’ignorance, maintenir ses domaines

Et se satisfaire des temps nouveaux. 

La pénurie fut si peu tolérée,

Qu’elle était passée sous silence.

C’était, outrageusement, l’apanage

Des femmes, réorientées en nombre

Par l’abnégation courante et salutaire

Reconnue d’utilité publique.
Ce qu’il nous était donné à vivre

Put paraître un simple arrangement

Et une remise à jour de l’espérance

Qui  n’avait rien à apporter ni à exiger.

C’était en rentrant un visage, ma Mère,

Le front haut et les yeux profonds

  Elle me regarda avec insistance,

Et esquissa un sourire pour tout accueil.

 

II)     Le lendemain   (version B)  définitive.

 

C’était, en rentrant, cette vapeur chaude

Qui venait des brûleurs chauffés au rouge

D’un chaudron à gaz avec son étrange soufflerie.

Dessus une cuve à la vieillesse pardonnable

Faisait office de bouilloire.

Nul doute, l’après-guerre n’en finissait pas,

Et d’en souffrir, entretenait des attitudes

Aussi surprenantes que singulières,

Par lesquelles paraître et survivre

Se confondaient en profusion désespérante

Avec un dénuement inavouable.

Les rumeurs de rues familières

Se jouaient des bons d’alimentation,

Et du dévouement des bonnes oeuvres 

Réhabilitant les grands élans caritatifs.

Pour chacun, hors la violence du front,

Hors l’inimaginable de la déportation

La vie avait pu perdre le sens du réel

Sans le retour nécessaire de ce qu’il était

Quotidien, familier, et bien établi en sa nature.

L’indifférence put reprendre sa place,

 L’ignorance maintenir ses domaines

Et se satisfaire des temps nouveaux. 

La pénurie fut si peu tolérée,

Qu’elle était passée sous silence.

C’était, outrageusement, l’apanage

Des femmes, réhabilitées en nombre

Par l’abnégation courante et salutaire

Reconnue d’utilité publique.
Ce qu’il nous était donné à vivre

Put paraître un simple arrangement

Et une remise à jour de l’espérance

Qui n’avait rien à apporter ni à exiger.

C’était en rentrant un visage, ma Mère,

Le front haut et les yeux profonds

  Elle me regarda avec insistance,

Et esquissa un sourire pour tout accueil.

 

 



 

III       La rue.   Version définitive juillet 22

 L’été, le soleil faisait l’ouverture du jour, 

Par ombre franche et lumière diffuse.

La rue se jouait de ce partage étonnant,  

En simple alternance du matin au soir.

Elle pouvait avoir en aperçu des attitudes

Surprenantes pour le regard attentif,

Et au-delà, les caprices des sens.

Les trottoirs, bordés de caniveaux profonds,

Laissaient planer une odeur lourde

De pain cuit qui s’étendait en rez de chaussée

Par des lucarnes étroites à la sueur huileuse.

Le jour, à peine établi, était parfois saisi

A la dérobée par une pluie soudaine légère,

Et tout autant furtive par sa fraîcheur

Qui adoucissait la grisaille des murs,

Dont certains n’étaient que volets clos.

Les bruits, au delà des murmures,

Epuisaient toutes les fluidités sonores

Propres à satisfaire quelques musiques

Bien  opportunes et si contemporaines.

Toujours  en exactitude, les sirènes annonçaient

La fin convenue du commerce de civilité

Le faubourg se prenant d’un tremblement

 Semblait ne plus être qu’un vaste dépôt

Pour les vieux et  autres, d’aucun rivage,

Pour qui le marché, sous le métro,

Entre déchets et immondices,

Etait ouvrable à midi trente.
 

III) Quartier Lourmel (1ere version)

La rue avec ses habitudes de vieille fille,
Habillée de trottoirs étroits,
Et de caniveaux profonds,
 Avait une odeur lourde de pain cuit
Qui sortait au raz des pavés
Par une lucarne à la sueur huileuse.
Le jour apparaissait sans clarté,
A la dérobée, pour oublier la pluie
Aussi soudaine que furtive.
Les sirènes du faubourg
Vomissaient ses vieux et les autres
Pour qui le marché sous le métro,
Entre fonds de caisses et immondices,
Etait ouvrable à midi trente !

        
Bis

 Ils ont été et nous sommes !
Autorisons-nous
Un sourire sans larmes !





  IV.  La Dame en noir ou la Dame du soir.

 

L’été, le quartier faisait son plein de rumeurs.

De rue en rue, l’air frais se jouait du vent

Et ne passait jamais la grille noire du portail.

Il fallait franchir la cour pour atteindre la sortie

Avec une discrétion presque féline,

Et ne rien voir des regards tendancieux

Aussi soupçonneux que médisants.

Nous n’étions d’aucune amitié,

Que des  compassions vieillies

Jetées à la volée par des dames de charité

Au passé équivoque et outrageusement 

Innocentées par bienséance.

Elles étaient pommadées en conscience

Pour mieux convenir et s’en persuader,

Assurées d’un  faire valoir national

Qu’elles s’autorisaient avec insolence.

Sur le versant le plus ensoleillé de la cour,

Sur deux fenêtres mal fleuries

Où les mouches en volées s’écrasent,

Logeaient, au pire de l’indifférence,

D’autres nous mêmes, en semblance,

Rompus au silence de l’humilité.

La mère ne se signifiait  qu’avec mesure 

Par la présence à discrètion  de ses enfants,  

Et ne disait rien qui ne fut agréable.

Nous l’appelions la dame du soir,

Et elle était de tous les boniments.

Veuve pour les uns, pute pour les autres !

Le temps était encore à l’ignominie

Des délateurs et des repentis

Revenus en cortège. La vie coutumière

Fut à leur égard bien tolérante,

Jusqu’à restituer le fond de l’air

Qui n’a jamais vraiment quitté la rue.

Le désastre se délayait en anecdotes

Par des causeries de pavés,

Qui se jouaient des apparences

D’une réalité épuisée en euphémisme

Pour les uns, et en imposture pour les autres.

Isolée, elle savait ne rien attendre

De ce qui se disait, si lointain, si faux.

Son départ ne fut que le reflet d’un autre, 

Tragique et sombrement accompli.

Sur le versant le plus ensoleillé de la cour,

Il y a  deux fenêtres, et elles sont fermées !  

 


Bis

J’étais à un âge où j’imaginais

La Femme en sublimité

Avec des mots sans issue.

 






V)   Pauvre France  (version A)

L’école dégageait une masse sombre
De briques ocres, juste sur la place,
A  deux pas  de la maison familiale.
Nous suivions  la pente douce de la rue
Qui nous forçait la jambe jusqu'à courir
Pour nous retrouver  face à face
Avec une porte en arche boisée
Aussi monumentale que défraichie 
Et que nous franchissions silencieux
En baissant la tête devant une directrice
Toujours en embuscade et en voix.
Elle était ce qu'elle avait toujours été,
Une souche lourde et froide
Qui n'avait rien changé, en habitudes
Autoritaires, ces caprices humiliants
Hérités 
Chaque matin, elle était la vieille garde,    
Un retour de flammes assassines,
Le sifflet à la bouche sous un mouchoir
Qu’elle secouait comme un drapeau.
La mémoire, un rappel sans doute,
Celui des bérets de feutrine noire,
Toute en pointe jusqu’à l’oreille.
Et cette pèlerine de gros drap raide
Affublant de tristes servitudes.
Celle des flics à la mâchoire serrée,
Et celle des orphelins en bandes
Qui, de leurs galoches, claquaient le pavé
En chantant, braillards, quelque insanité.
Quelle douleur cette jeunesse soumise !


 

V)    L’école d’hier (version définitive)



Que savions nous de la démesure,

Quand elle saisissait nos regards ?

L’effroi bien souvent nous affolait

Par la béance de l’édifice. C’était l’école,

Toute de briques ocres et faïencées

Et de fenêtres géantes en arcade

Filtrant la lumière du jour.

Il était ce que la géométrie imposait,  

Aussi haut que large avec des toits

De belle charpente vaste d’amplitude.

C’était des entrées en rotonde

Curieusement décorées de mosaïques

Offrant en surcharge des dorures

Qui renforçaient une fausse somptuosité

Et rendait l’illusion plus active.

L’esprit de garnison dominait la bâtisse

Dans sa division des âges et des genres

Et tout autant par l’autorité froide

Des maîtres aux allures austères,

Qu’ils fussent nouveaux ou anciens, 

Et dont nous ne savions qui ils étaient.

L’épuration affichait un grand vide

Laissant le silence des réhabilitations

Tirer les rideaux et restaurer les hymnes.

La dérision était sans honte, calme.

Un terreau pour toutes les conversions.

Que nous soyons un nouvel assortiment

Importait d’autant, que les arrangements

Avaient, plus que les allées, balisé l’horizon.

De nos jours l’école n’est plus qu’un site

Qui renvoie en écho les années noires,

Quand les enfants, au béret de feutrine  

Tout en pointe, jusqu’à l’oreille

Et affublés d’une pèlerine de gros drap,

Défilaient en chantant les temps nouveaux,

Insanités aussi naïves que monstrueuses,

Claquant, de leurs galoches, le pavé

Pour ne rien troubler de leur innocence.   

 
Bis


Ils ne connaissaient du printemps
Que les primevères
Et un sourire sans fin.  



VI)    De départ en fuite

Ce qu’ils savaient de nous,
Juste ce qu’il fallait  en savoir,
Pour ne pas en savoir trop.
Et nous partîmes pour Besançon
Dans la gueule du loup.
Je venais de naître !

Bis

La folie est à l’espérance
Ce que l'espérance est à l'avenir
Et l'avenir au présent !





  •  
  • VII B.      version définitive
  •  

 VII B.    LE FILS DE LA POLONAISE.     

 

De caractère vif et impétueux

 Il était de toutes les audaces,

Jusqu’à tirer la cigarette de papier cru

              Qu’il portait, avec manière, à ses lèvres,

Laissant la fumée embrumer ses yeux

Qu’il retrouvait dans un regard frondeur.

De toutes les opportunités, il était la rue,  

Dont il figurait, par son allure altière,

Les humeurs juvéniles d’une ardeur

A la fois sauvage et lumineuse,

Celle d’une avant-garde active

   Qui le faisait plus poète que larron.

    Il était haut sur jambes, tête au vent,

       Une voix en puissance, fluide,

Et un rire ample et opulent.

Mieux que personne il disait les choses

A écouter, à méditer, à posséder.

En toute saison il était d’une même tenue,

Un ensemble défraîchi en velours élimé

    Qui, aussi étonnamment qu’il fut,

    Le vieillissait  avec avantage.

C’était mon Imaginé, mon Aristote,

    Le Bel ami de mon enfance, mon refuge.

    Parfois, parmi nous, au meilleur de sa joie

    Il se prêtait à quelques fantaisies

    Dans sa langue teintée de musique

Et récitait des poésies intenses et lyriques

Qu’il disait d’âme patriotique.

De sa personne, il était en immensité,

                      Ce que nous voulions être,

  Et qui se perdait en obéissance

  Derrière des murs de solitude,

  La nôtre, la mienne, sans reflet d’existence.

  Sa santé était sa contrainte et son défi

  Dont il savait simplement l’issue 

  Qu’il conjurait avec une ironie froide,

  S’honorant de jurons confondants.

  Nous l’avons porté en terre

     C’était un mois des années grises,

Aux portes d’un hiver rude et cruel,

Dans l’insignifiance des jours.

De lui, les mots incomparables d’ivresse

Avaient fuit pour d’autres séjours.

Je ne savais et ne disais que son prénom

Qui n’était pas le sien.

Ce n’est que bien plus tard,

Devant les ruines de l’immeuble où il vécut

Que fut évoqué, Marek,

le fils de la Polonaise !

 

Auber . 1995  Révisé St J. 2022

 

 

Il se savait hors l’enfance,

Qu’il ne connue  jamais   

Ouvert à toutes les hostilités !

 

 

 
 

Bis



De ses mains il dessinait les mots
Des mots il peignait la vie
De la vie il était l'innocence !


J’avais perdu un ami
J’avais perdu un frère
 
 


 
VIII)  L’enfant du 3eme


Il aurait pu éblouir le soleil
Qui ne descend qu’à mi hauteur
Sur le  mur d’en face
Avec une saillie profonde
Mal obstruée par une bande
De zinc blanchie où bizarrement
Les oiseaux s’attardent.


Bis
   
Souvent le rêve impossible
De l’impossible rêve
Et s’abandonner au sommeil.




IX)  La mort au passage


La peur ne l’avait pas érodée
Ni compromise par ses violences.
Elle avait pu, les années noires,
Ne rien désavouer de sa conscience
Porteuse d’une vaine espérance
Dont elle  savait en silence l’usure.
De ses fils, captifs, elle put croire
Qu’ils furent jusqu’à l’absurde, saufs.
Mais ils ne revinrent pas.
Ils ne revinrent jamais !
Il ne lui restait que des vestiges de fripes
Et des papiers jaunis dans des  valises
Au carton avachi sans serrure
Et l'ironie sans éclat d'un drapeau froissé
Aux couleurs défraichies
Elle était devenue, en dérision,
Marchande des quatre saisons,
Et commerçait à même le trottoir
Sur sa charrette à bras qu’elle poussait
Avec l’énergie d’un livreur de charbon.
Elle était du faubourg, la femme du jour,
la maraîchère du coin jusqu’à la nuit.
Mais elle ne vendait ni le printemps
Ni l’été ni l’automne,
Et moins encore l’hiver
Qui la faisait taper des pieds le pavé froid.
Et quand elle partit au petit matin
D’une journée de mai lumineuse,
Nous ne pouvions imaginer
Que du quartier elle fut la dernière,
Lorsque un autobus la renversa.
Il ne passait jamais par là. !



  
Bis

Les Petites Gens
Vivent sans histoire
Dans l’assurance
D’une mort avec des si...





X)       Chanson



L’aube à Paris
C’est le soleil à l’Etoile
Et la pluie à Barbès.
C’est le grand cri des Halles
Et le silence à Passy
L’aube à Paris
C’est la fumée songeuse
Sur les toits zingués
Qui s’amuse des nuages
Et des vents légers
L’aube à Paris
C’est  un faux semblant
De décors en multitude
De dédains salement affichés
L’aube à Paris
C’est une vague d’illusions
En kiosque dans des squares vides
Avec des chansons froissées
L’aube à Paris
C’est du rêve oublié
Dans des nuits sans sommeil.
Et la mort convoyée
Avec le premier métro !  


Bis 1
 

L'aube à Paris
Un tango en dérision
Dans un soufflet d'accordéon.



Bis 2


Son amitié ne tenait à rien
Juste deux pinces à linge
Sous un ciel sans teint.















Intermède 

 

  MAHAM INDIA

 

 

 

 

 Textes en dédicace pour l’exposition de photos de Michèle au FIAPAD de Nanterre en novembre 1984. 1er et 2eme séjour en Inde.

 

  

Maham I.

 

Je vous nomme en commun désir

Mridangam

Quelle foudre sourde étonne vos peaux

Mystiques

Vos caprices fauves en délires

Sont des ententes en psalmodie  

Vibrant sagace prélude

Sous un ciel virgulé d’étoiles

Nous sommes en suspension du temps

A l’écoute infinie

Le jour à l’extrême des nuits parait

Le musicien retient sa main

Et la pluie se fait soudaine

 

Paris le 24 octobre 1984

 

 

Maham II.

 

 

Je vous sais beautés déployées

Au fil de l’eau qu’un ciel

Dans le blanc et bleu calmé

Sur le blanc et bleu décline

 

En quel espace ordonné solaire

D’un cri en forêt les oiseaux

Front de saison immobile

A vous pêcheurs de l’aube

 

Déjà se referme du temps la mémoire

Les vagues sillonnées de vos labours

Et l’effloraison des confusions divines

Dans vos yeux sans éternité !

 

 

Paris le 17 novembre 1984

 

 

Maham III.

 

                 Nous allions en songe

L’arbre à la terre enfouit ses racines

Les dormeurs de l’aube soupirent

Et le jour barque sur l’onde

Sous le ciel s’attarde en désir

Nous allions en songe

Lagune d’infinité au regard ravi

Fébrilité de musculeux efforts

Dans la transparence étonnée

Des clartés du monde

Nous allions en songe

Vos noms se font source lumineuse

Et simple chant sur les cimes

Jusques à nos séjours immuables

En vos demeures Mahalingam

 

Paris le 21 octobre 1984

 

 

Maham IV.

         

          1.   Le vent, la pluie, la nuit irrigue la lagune

Les brumes chaudes s’évanouissent

Il n’est murmure que le silence

Au delà des murs terrassés

Le temps s’oublie en raga algues océanes

Au temple qui s’endort

 

 2.   Le vent, la pluie, le céleste désordre

En mille voix de femmes

Echo en imploration suspendue

A tous les vimanas d’un lointain savoir

Le temps s ’oublie en talas vagues lentes

Sous la lumière d’une ivresse lunaire

           

            3.    Le vent, la pluie. Les dieux ferlisés

D’un véda philosophal médité

L’interminable accomplissement d’un soir

Un fleuve altier sur tant de ciel

Le temps s’oublie en fécondités

Dans l’attente d’un jour nouveau         

                                Paris le 29 octobre 1984

 

`

`Maham V.

 

Nous ne pouvions imaginer

De tant d’avatars le mirage

Et le rite de tant de séjours

En renouvellement d’offrande.

Les pierres de sommeil

Furent la fraicheur du soir

Des heures de sérénité partagées

Et se sentir hors la multitude

Par un regard de solitude.

Nous ne pouvions imaginer

L’éblouissement de l’innocence

Et ses harmonies silencieuses

Mêlant nos voix muettes

Nos étions ce jour dans le cristal

Des mélodies hors du temps

Des enfants du chant Drhupad.

 

 Paris 3 novembre 1984

 

 

Maham VI.

 

Nous étions au bout du bout du monde

Là où la terre regarde l’océan

Là où les oiseaux poussent leurs ailes

Jusqu’à la naissance des premières glaces

Là où une prière de femme hors du silence

Devient un sommeil d’enfant

Nous étions au bout du bout du monde

A l’aube de la nuit blanche étoilée

En multitude de védas renouvelés

Sur les voies heureuses du ciel

A nous rêver sur quelques rivages

D’une autre vie.

 

Paris le 14 novembre 1984

 

 

 Maham VII.

 Hampi une certitude d’absolue

S’était soudainement offerte

Derrière des remparts de cannes à sucre

Vallée dominée par le mont Anjaneya

Et la gopura du temple de Virupaksha

Les ruines  n’y sont pas testamentaires

Et l’histoire semble scellée à tout jamais

Parmi  les dédales d’un village en survie

 Dans le futur de son passé.

 

 Ancienne capitale du Karnataka

 Vijayanagar-aujourd’hui Hampi-  foyer des temples de Vitthala le ratha (chariot en pierre), de Virupaksha la gopura (toit en cône) , et aussi remarquables les bains du lotus Mahal et tout le reste qui fit de Hampi au XV eme siècle  après Beijing la ville la plus peuplée au monde (un demi million d’habitants). Elle fut détruite par les forces des sultanats du nord, de Delhi suite à la défaite de Telokota en 1565.A deux reprises la ville aux dimensions métropolitaines fut saccagée et pillée.Quant à son héritage, il fut dispersé. L’empire hindu des Vijayanagar n’aura duré que deux siècles.

 

Textes en dédicace pour l’exposition de photos de Michèle au FIAPAD de Nanterre en novembre 1984. 1er et 2eme séjour en Inde.

 

Hommage de toujours pour toujours. 

  

Vladimir la Révolution


           Vingt démons à ta tête d’enclume

                Tu te disais à l’heure foudre d’airain

                 Instruit de ces lumières le défi

Ton nom exorcisé était un étendard

                 En passeport de l’étoile rouge

                 A l’abrupte conscience

De tes mots de clarté en clarté étendue

                 Par ta plume dans le sang fertilisé

                 D’une espérance étonnée

De tant d’horizons pour tant d’hommes.

                 Les temps étaient d’une autre saison

                 Tu étais citoyen d’un peuple en devenir  

 Vingt démons à ta tête d’enclume

                  Tu étais la multitude en force tonnante

                    Le souffle de la Commune retrouvée

Soeur Lumineuse insurrection du monde

                     A toi même la renaissance

                    D’une moisson nouvelle.

 

 

Paris le 22 avril 1979

 

                              Des gens parmi d'autres. 1

 

LVII 

 

L’aliéniste

 

Vous saviez avec autorité et pertinence,

Celles là mêmes que vous montriez

En administrateur, maitre de séance

Et magnifiquement zélé,

Qu'il n'était pas fou ou si peu,

Bien que vos définitions, soupçonneuses,

Le rendissent, à votre gré, attrayant

Pour la profession en déclinaison carcérale

Couvrant le marché des névroses. Déficient

Déclaré, il le fut, et curieusement traité.

Certes, il buvait plus que de raison

Le fond vaseux des bouteilles sales,

Que vous laissiez sur les tables,

Le cul dans l'eau, et de sa langue

Léchait  le bois graveleux,  en surface,

Nourrissant une déchéance ordinaire

Dont il disait, calme, le divertissement.

Il n’était que l’anonyme d’un désordre,

D’une folie enivrant la multitude

Qui ravissait vos cahiers de servitude

A la complaisance savante, ordonnée

Et qui faisait de vous une référence.

Il n'était pas fou en simplicité,

Mais si laborieusement blessé

Par tant de sollicitude douceâtre,

Celle d’une famille dévote

Tout en convenance et la vôtre,

Que vous osiez, chaque matin,

Par la grâce d'un neuroleptique assassin 

Offert à même votre main, 

Avec un sourire d'enfant amusé

Qui ne vous a jamais quitté !

 

 

St J. le 20 Août 2018

 

Des gens parmi d'autres. 2

 

LVII Bis

 

Maladie    (l’actrice, voisine du 3eme)

 

A son sourire, nous ne savions

Quel mal se jouait de sa vie

Dont nul ne sut vraiment le cours

Qui fut entre généreux partages

Et  envolées fantasques,

Qu’elle n’évoquait qu’avec frivolité  

Pour  éloigner  la pelle et la pioche

D’une médisance déjà active.  

Elle savait ne pas savoir l’adversité

Et osait jusqu’à l’absurde l’audace

Du défi qu’elle nourrissait

Avec la rage des joueurs de table

Qui n’en finissent plus d’espérer.

La douleur, toujours en rappel

Quand la sueur perle au front,

N’entretenait aucun négoce

Qui fut de bonne source rodé

Mais si sincère en dérision

Jusqu’à l’ironie en éveil.

La maladie s’était signifiée

Sans qu’elle fut vaincue,

En simple déclinaison hospitalière

                Inscrite en toute lisibilité

                Sur le revers d’un feuillet volage.

C’était la dernière scène du dernier acte,

Elle fut magnifiquement transférée,

                En équipage de blouses blanches

                Quand elle quitta la chambre, mains levées,

                Se gardant, lucide, de croiser les doigts.

 

 

                  Paris le 23 mars 1982   Réécriture texte de Janvier1976



 



 

 

 

 

 

 

 

Caprices retrouvés

 

depuis 1964

 

 

 

 

 

   

 

NOUVEAU RECUEIL 

 

 1965…………2021

 

Mise à jour définitive mais incomplète.

 

1

 

 

Caprice poétique

 

Porteuses de ciel

Sombres jeunesses

 

Vos austères sommeils

Se font nuit sans voile

Sans clair regard

Ni  éclat de lune

 

 Paris 17 septembre 1965

 

 

2

 

Désert

 

Je m’en irai

De capes en lanternes

En sillons étonnés

De rivières en sommeil

Dans des yeux lumineux

Semblables à la mer

A l’aube des soleils.

 

 Paris  le 19 janvier 1966

 


3

 

 Nef

 

 La nef de tes pas sur un lit en vitrail

Lumière au vif déployée pénétrable

Je te sais je te crois au clair visible

Des rives indicibles le reflet voilé

 

La nef à ta main glacée songe

D’un autre songe en matin espéré

Ce matin enfanté des ombres

Et le cri d’une ancienne douleur

 

La nef à ton regard une blessure

Vieillie en pluie d’humeur noire

La mort déjà sans masque

Et ce départ parmi les brumes du soir.

 

 Paris le 5 février 1972

 


4

 

Ainsi

 

Ainsi l’étang gelé

Fibre d’un seul asile

Ainsi la folle liberté

D’évidence imaginée

Les fureurs de vie

Epuisent la terre

La vérité active

Ilumine l’oeil

De voûte et d’ascension

Et s’éclaire d’une étoile

 

Ainsi fendu de ciel

Eclat plus que nature

Voleur de feu

De tous invisible.

 

 Paris le 16 mai 1970

 

 

5

 

Epouvante

 

Vous avez jeté

Vos souffles vénériens

Aux fosses de ma tête

Ces livides railleries

Dévidées tournoyées

En rampe d’hiver

D’escalier de jour

Pendant une nuit

Comme il n’en est pareille.

 

Paris 24 juin 1970

 

6

 

Apparences


Jusqu’à l’extrême illusion

Elle paraissait sous des limbes

Un flou d’apparence

Au creux de ses mains

L’ondoiement enivrant

Fixé aux racines de son corps

La tête doucement allant

Sans un balbutiement

 Jusqu’à la hauteur bercée

Au dernier degré de l’astre

Elle semblait offerte

Le front nu les yeux glacés

Le rêve aboli la veille

Prenait figure de ciel

Et son regard se perdait

Dans la fuite du jour

 

 Paris le 30 décembre 1968

 

 

 7

 

Renaissance

 

Laisse passer au ras des murs

Le soleil jusqu’aux portes

Ton âme en son front brûle

Et aussi l’aube désertée

 

Le jour fait refleurir

Ce que la nuit a froissé.

 

 Paris le 14 octobre 1968

 

8

 

Morsure

 

Vipère effroi de ta morsure

Si lascive et étendue

Sur la roche chaude

Et tes yeux froids et vitreux

Mirage d’une brulure

Dans l’aile abattue

D’un nouveau jour

A midi lumineux !

 

 Paris le 30 octobre 1968

 

9

 

Illusion

 

Je voudrais fouler

De mes yeux éclairés

Le ciel qui mène à toi

Quand l’été est passé !

 

 Paris le 2 octobre 1968

 

10

 

L’eau

 

Il savait l’eau calme et claire

Pour y noyer son regard

Et oublier ses confusions

Lourdes et si peu visibles

 

Il savait l’eau naïve

Et pourtant féline

Dans sa fuite irritée

Au cours tumultueux

 

Il savait l’eau solaire

Espérance des déserts

Dont il ne put imaginer

Qu’il marchait sur la mer !

 

 Paris le 4 octobre 1969

 

 
`

11

 

Le voyage

 

J’ai erré dans tes silences

Si longtemps aveuglément

Avide de saisons

 Les tiennes parsemées

Jusqu’à l’horizon

Dans tes refus insensibles

A comprendre l’ostensible

 Et pénétrer le coeur des choses

Qui fleurissent en toi

Et que j’aime à boire

Dans l’arche de tes mains.

 

Paris le 15 mars 1970

 

12

 

 Mirage     (ex. La prière)

 

Il ne fut jamais nourri en solitude

Que d’une amertume consentie

Dont il portait les blessures

Fardeau d’une existence hors champ

Impossible à vivre et qui dort

Au fond d’un tiroir

Dans le vide d’une poste restante.

 

 Paris  le 6 octobre 1969

 

13

 

L’elfe   (ex. Morsure)

 

Elle ne portait jamais d’étoffe

Qui put couvrir son cou

Dont la fragilité se signifiait

Par une tenue de tête tendue

Offrant un visage froissé

Et lourdement vieilli.

Elle avait une voix sombre

Appuyée par un cri cassé

Et un souffle sec, altéré.

Quant à son regard

Il était celui du  cristal

A l’opacité vitreuse.

Elle disait ne rien voir

Du visible outre les ombres

Quand la sienne en tache

Voilait le soleil.

 

 Paris le 24 octobre 1969

 

15

 

La clef

 

 

La clef est là pendue au fermoir.

On la prend au firmament du jour,

Derrière la porte qui s’étire,

Derrière le rideau d’ombre

Où sommeillent des senteurs

Légères et  nauséeuses

D’une époque sans mémoire.

La clef est là pendue. Déchire

La lettre illusion, si confuse

Si incertaine en vérité son défi

Elle occupe toute la place

Dans la nuit de la serrure !

 

 Paris le 11 mars1970

 


16

 

Retour

 

Sa voix parmi les silences

Nourrissait la certitude

De l’espérance

Dont nul ne pouvait ignorer

Qu’elle fut le reflet

De la vie toute en lumière

Hors les temples sectaires

A l’avidité violente

Des marchands de sommeil

Il était de ceux mal nés

Qui osait le désordre

Sans jamais le savoir

Et tenait sa solitude

D’un abandon lointain

Frayeur d’une absolution

Annonciatrice d’un vrai retour

Dont il n’eut jamais la révélation !

 

Paris le 24 octobre 1978

 

 

               17

 

Vourdalak

 

Il ne voyait du miroir ni image

Une semblance en soupçon

Ni regard qui fut le sien

Dont il ne sut jamais l’allure.

A lui même il était étranger

Et s’étonnait de ses mains bleuies

Dont les veines  serpentaient

Jusque sur ses bras invisibles.

Fut-il ce qu’il devait être

En cette nuit plus profonde

Et plus noire entre toutes ?

Comment put-il le savoir

Devant un désastre perpétré  

Dont l’histoire perverse

Raconte tout et son contraire !

 

Paris le 16 mai 1965  (film de Mario Bava  d’après la nouvelle éponyme d’Alexeï Nikolaievitch Tolstoi)

 

 

               18

 

La Marionnette

 

Du doigt elle pointait la nuit

Son regard se perdait dans l’innocence

Quand perlait grise la pluie lointaine

Seule elle parlait à voix basse

Se multipliant dans un rôle 

Dont elle abominait l’allure

Elle était un mystère inavoué

Portant sa cape en poupe

Sur une main agile et froide

Où elle se faisait souveraine

En bouffonnerie agacée

Elle semblait d’un grotesque   

Aussi exaspéré que fatigué

Portée par la foule hurlante

Que l’homme des foires

En écho tragique reprenait

Annonçant du guignol silencieux

La mort prochaine.

 

 

Paris le 17 mai 1973

 

19

 

Les cannes blanches

 

(texte déplacé, voir autres séries)

 

20

 

Naissance

 

Ce pur maintien

D’un ordre établi

Essence première

De ce qui l’a fait naître

Si lisse si légère

Essence de vie déjà

A occuper le désert

De ce qui n’est pas

Et qui en magnificence

Devrait être

Quand il fleurit l’accessible

Le reflet enfin saisissable

De ce qui lui ressemble

Le temps halluciné

D’un songe de l’univers

Essence d’un autre songe

Devenu fertile !

 

 

Paris le 14 février 1973

 

    ooooo

 

Aikus érotiques. (voir série)

 

Le corps pleurait

Félicité humide

De sueur chaude

 

o

Verge étandart

Sur tant de mont

De Vénus étanché

 

o

La béance sensible

D’un tremblement nuptial

Et l’éclat éblouissant

 

o

L’antre n’était que béance

Et fragilité de le paraître

La peur plus que la retenue

 

 

Saint Jouin 8 octobre 2003

 

ooooo  

            

 Mirage

 

Dans la nuit de l’innocence

Rien ne paraît plus

Puis à l’aube c’est une femme

J’en ai la calme présence

Et tout lui dire

Jusqu’à mon nom.

 

Paris 8 octobre 2003

  

 OOOOO

Que la pluie froide    

Sur des portes closes   

L’effroi d’un soir en  haute maladie

Où se saisit l’éclat saisissant

D'une nuit lucide

 De mur en mur

Qui  affirme au monde

Ce désastre terrestre

Qui dira de ce séjour

La douleur soupçonnée

La pluie s’est fait entière

Noir roulis  obscur rejet

D’une heure en démesure

A mesure que la vie meurt

Et que j’ai fait naître!

 

OOOOO

 

C'est un jour de pluie ordinaire

Larmoyante et froide qu’ effleurent

Des soupçons de sourire

 

ooooo


 Femme de charité

(premier état)

 Il paraissait sombre et douteux

                Le pas hésitant et le regard flou

                Il était l’homme d’une triste fable

                Trainant une vieillesse oubliée

                Où les oiseaux jouant la grammaire

                Et les mots par- dessus les sifflets

                Charpentaient une musique de sérénité

                Dont il ignorait qu’elle fut si proche

                C’était une impasse en honte égarée

                Ouverte à la salubrité nocturne

                Sous l’œil froid d’une lumière cristalline

                Il remontait la rue et elle faisait le trottoir !

 Paris le 17 janvier 1997

 ooooo

 

Femme de charité        

                   (Deuxième état)

              

              Que n’osait-elle du regard

Si effrontée qu’elle fût

Lui dire sa solitude au-delà des mots

Qu’en sa tête il chantait parmi les oiseaux

Par-dessus les nuits par-delà les jours

Effleurant le silence de ses pas

Que n’osait-elle de sa main tendue

Saisir la sienne si lourde

Qu’en ce temps de grisaille

Il portait à son cou en écharpe

Pour ne rien laisser paraître

D’une quête inavouée inavouable

              C’était sous l’œil d’une lumière cristalline

Il remontait la rue et elle faisait le trottoir

 

                                                  Paris le 17 janvier 1997

 

 

ooooo

                   

 Femme de charité

         (troisième état)

 

 Elle se savait sèche et fanée

Violaine en violence douce et amère

Nuitamment emmurée

Hors les façades sous des horloges

Où le temps est sans mesure

Les nuits n’en finissaient pas

Sous ses talons aux marches

Teintées de flaques cireuses

Laissant frémir quelques lambeaux

De sueur à l’étage sans tarif

Pour plus d’attrait et de frayeur

Pensait-elle avec ironie

Il n’était de chambre qu’un lit

Flanqué d’un drap sans couleur

Et une lampe à l’abat jour pudique

Pour ne rien voir des miroirs

Le reflet d’une misère ordinaire

 

                                       Paris le 20 janvier 1997

ooooo

 

Femme de charité

    (quatrième état)

 

                                D’elle il ne restait en étal

Qu’un regard au vif de l’air

Sous des portiques de verres

Une habitude sans retenue

Et des mots de soumission

En délires d’alcôve

Elle n’avait de vérité

Que dans l’arrière salle

D’un café où l’alcool amer

Libérait des bouffonneries salaces

Et des histoires en dérive inventées

                       Elle n’était plus que l’antichambre

D’une autre, un prénom emprunté

Une excuse en écorchure dévoyée

Elle savait ne plus admettre

De n’être qu’une adresse

En dernière page d’un répertoire

 

                                               Paris le 23 janvier 1997

 

 ooooo

 

Le dormeur

 Il y a des femmes qui passent

D’hier et d’aujourd’hui sur la place

                            Et tout le jour que la nuit efface.

Mais lui dort en grand silence

Un rêve ébloui en innocence

Quand de la vie la mort se lasse !

 

ooooo 


 

Poèmes pour une femme défunte

 

Etat 1

 

Juste un cri à l’orée du ciel

Dans la brume de septembre

Et un jet de lumière jusqu’à l’œil

Où filtre du jour l’évidence

Le temps joue à s’attendre

Et danse sur une vaine musique

Faite de vieilleries endormies

En lambeaux d’ennui !

 

 23 Septembre  2011

 

 

Etat 2

 

Une absence toute offerte

Sur des murs en béance

D’une nuit fécondée

La rue n’est plus qu’un désert

Une solitude de femme

Le visage contre terre

A boire la certitude

De n’avoir jamais rien été !

 

 30 Octobre 2011

 

 

Etat 3

 

Quelle méprise égarée ma servitude

Ma soumission. Vaine est l’offrande

Et sèche la main qui la prend

Vieillir plus qu’autre chose sans cesser

Sans raison consentie par rupture.

Pour s’offrir au silence.

Est-ce cela la vie ?

 

  8 Novembre 2011

 

 

 Etat 4

 

La sueur faisait lit de sa chaleur

Et la lumière clignait de l’œil

Néons jaunes et rouges

Sur le pli tendu de sa peau.

Une cigarette enfumait le regard

Se consumant de bouche en bouche

Elle disait ce que disent les mots

Le sommeil était vain et l’attente lascive !

 

  9 Novembre 2011

 

 

 Etat 5

 

Son corps pleurait

D’un désir humide et froid

Le temps d’une perfide entente

Le temps d’un trouble obscur

Elle était dans l’innocence du jour

Sous un faisceau d’apparence

Une vision lumineuse

D’un baiser à la bouche soudé

Son lit aux draps écrus

Pleurait une solitude de gare

Elle savait de ne plus savoir

La convulsion d’un dernier regard.

 

Son corps hurlait

Ce qu’elle avait fuit

La fougue en outrage

L’outrage en désir

Et la mort pour compagne !

                                                                                 

                                                             11 Novembre 2011

 

 

Etat 6

 

Il ne lui restait qu’un souffle de vanité

Une illusion attablée et des mensonges

D’amours éventés à l’amertume sévère

Sur des lits à jamais désertés

Et des histoires toujours imparfaites

Perdues en quelque abime

Il ne restait qu’une porte à prendre

Et une fenêtre à ouvrir

La folie est sans recours

Quand la vie se consume !

 

  17 Décembre 2011

 

 

 Etat 7

 

N’a-t-elle jamais vécu sa vie

Contre tout partage

Livré à la soumission

Le deuil fut tôt établi

Dans des draps sans mémoire !

 

Vendredi 17 Décembre 2011

 

Etat 8 

 

Ce qui se devine devant la porte

Juste sur le seuil un papier froissé

Une apparence de lettre

Avec des mots illisibles



ooooo

`


Solitudes

 

1

Au milieu des solitudes.

Il n’est plus de main tendue

Tournée vers quelque ciel

Dans l’ébauche du jour

Entravé sur le glacis du bitume

Le ventre convulsé

Aux milliers d'immondices

Où brûle en soufre le soleil !

 

 

 2

Au milieu des solitudes

Quel œil au vif acéré

N’est regard confusion

D’une lumière électrique

Dans l’abondance des nuits

Où la chaleur se fait sur le front

Et où l’aube n’est que clarté

D’un astre à la dérive !


3

Au milieu des solitudes

Le matin n’est plus que vieillesse

Etendue sur la table

Lèvres séchées d’une autre saison

Une année encore à vivre

Dans la folie des couloirs

Où dansent des lambeaux de rêve

En agonie ordinaire !

 


Au milieu des solitudes

Il n’est que champs ravinés

Effondrement de toute chose

Jusqu’à la froide obscurité

Où la voix sans voix a tué le silence

Le temps n’est plus à l’habitude

Et l’errance déjà en finit

De ce mirage universel !

 

 

Paris le 11 décembre 1976


ooooo

 

 

 Les mal-nés

Auber. Mars 2005

Enoncé.

Il était de ceux pour qui le matin 

Avait encore la fraîcheur de la nuit

Inépuisée et le sommeil en suspens

Ses yeux mi-clos fuyaient la lumière 

Hors le jour en son lointain

Que semblaient déverser somnolentes

Des images sans mémoire !


Variation 1
 
Il était de ceux d'un rivage incertain
Loin déjà d'une plaine en sommeil
Loin d'un asile encore salutaire 
Dont il cherchait plus que les murs
L'ultime refuge où meurent sans cesser 
Des lueurs de soleil naissant !

 
Variation 2
Il était de ceux 
Qui nourrissaient les faits divers 
D'une paperasse immonde
Et qu'il utilisait naïvement
Dans les toilettes de l'étage.