1er DEPART AA DERNIERS POEMES RETROUVES
Adresse province michel-orel rosiu
2, place d’armes
Saint Jouin de Marnes
79600 Plaines et vallée.
0
5, rue Constant Berthaut
Paris XXeme 75020
Pour envoi Eds.quelques pièces à ordonner.
« ON est pas sérieux, quand on a dix sept ans… » disait le Gamin. Soyez assurés, ON ne l’est guère plus à quatre vingts, sinon moins !
La preuve ; je vous envoie ces quelques textes agrémentés de peintures pour conforter leur saveur.
Pour toute éventualité michele.rosiu@gmail.com
Et
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to : Eds Bruno Doucey
Cour Alsace Lorraine. 67, rue de Reuilly 75012 Paris
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J’ai souhaité ne pas vieillir en milieu
urbain. Celui que j’ai connu à Aubervilliers à l’époque des Etats Généraux de
la Culture, j’y avais un atelier et un engagement artistique le plus actif et
le plus généreux que j’ai connu. A l’exception
de quelques foyers, le pays ne brille pas par une dynamique culturelle d'envergure réellement populaire.
Aujourd’hui je vis en milieu rural où
la désertification culturelle est aussi remarquable que celle du médical. C’est
l’illusion occidentale dans sa phase finale avec quelques nids de résistance.
Je pourrais écrire sans risque complaisance.
Pour information privée sachez que je suis sans le sous mais je ne fais pas encore le marché à midi trente.
Je
ne vous connais que par mon
directeur d’antenne, écrivain à ses heures. Il ne connait mon travail
que par ma peinture et mes compétences en plomberie et usinages variés.
J’ai fait une série d’émissions pendant 10 ans sur les compositeurs et musiciens ignorés des radios génériques.
J’ai proposé quelques ouvertures sur la littérature et la poésie plus « enclume que souvenirs de Ramatuelle ». Ce fut sans suite. Vous connaissez l’état du pays ? La tendance CM2 élitiste est en progression exponentielle. Pédagogie et démagogie, une paronymie à usage sarko-hollando-macronien . « dégénératif » comme on dit décapant.
Le titre générique est indicatif. Il manque quelques gares dont certaines sont en voie de naturalisation !
1
Natanoucha et Ianoucha
Mes Fils
Nous volerons les étoiles de mai
A l’aube du clair soleil
Et nous danserons avec elles
Habillées de jour
Nous irons dans les vastes plaines
Faites de silence et de rosée
Et nous les séduirons.
Aubervilliers 4juillet 1988
Nous ne savions les lendemains,
Tant nous vivions au jour le jour
Dans la certitude de l’immédiat instant,
Sans jamais en prendre la mesure.
La vie était ainsi, entre dérision et fantaisie,
Sans plus de prétention enfantine,
Que les libertés maternelles acquises,
Et qui ne dépassaient les berges de la Seine
Près de l’île des cygnes, à la semblance
Des tableaux , sans honte, imaginés.
La rue, courte, s'étendait en deux parties
Qui la situaient en extension jusqu’au métro,
Haut lieu de nos fréquentations tolérables,
Se prolongeant jusqu’à la place du faubourg
Où des bancs fantomatiques
Se jouaient des apparences, alignés
Par des scellements de bitume écorché,
Que venaient arroser les
pluviales
Jusqu'au débordement sur la chaussée.
Ces lieux de magnifique peuplement
N'offraient plus qu'un sombre délabrement
Où venaient s'échouer les yeux maladifs
De vies réduites à ne plus vivre.
Par lassitude, de trop d’attente,
Les vieux, fatigués, étaient partis
Au pays des possibles, sans bagage,
Et où les rencontres, se faisant nuitamment,
Se perdaient dans des conciliabules amers,
Loin de ce qu’elles furent, lueurs d’ombres,
Parmi les murs, parmi les pavés.
Cette venelle, caprice de synonyme,
Pouvait avoir changé en allure,
Sans qu’il fut besoin de tout réinventer,
Jusqu’à ce cottage, en folle audace,
De se maintenir parmi les vivants,
Et dont nous ne pouvions imaginer le jardin,
En verdure insolente, derrière la façade.
Les yeux couvraient l’espace d’un seul regard,
Et tout se reconnaissait en signature,
Bien que depuis longtemps déjà,
La mémoire ne s’éveillât plus, portée
Encore par quelques artifices
Qui renvoyaient, de ces jadis,
Des images sans paroles.
1. Révision du 27 août 2021.
En bas, la cour était faite d’un faux damier
intermède
Que peut savoir un poète
Qui n’a jamais osé la peinture,
Ni même approchée, jusqu’à la toucher ?
Et que sait-il du dessin, par l’écriture
Qu’il pratique avec aisance ,
Et dont il s’amuse
Avec des mots hasardés
Où s’enlise la simple raison
Qui nourrit nombre d'illusions.
Que sait le poète,
Pour seulement convenir,
De ce qui lui parait juste à l’œil
Et agréable à la langue
Entre deux tasses, l’une de thé,
Et l’autre de café ?
Bis
C’était, en rentrant, cette vapeur chaude
Qui venait des brûleurs chauffés au rouge
D’un chaudron à gaz avec son étrange soufflerie.
Dessus, une cuve à la vieillesse pardonnable
Faisait office de bouilloire.
Nul doute, l’après guerre n’en finissait pas,
Et d’en souffrir, entretenait des attitudes
Aussi surprenantes que singulières,
Par lesquelles paraître et survivre
Se confondaient en profusion désespérante
Avec un dénuement inavouable.
Les rumeurs de rues familières
Se jouaient des bons d’alimentation,
Et du dévouement des bonnes oeuvres
Réhabilitant les grands élans caritatifs.
Pour chacun, hors la violence du front,
Hors l’inimaginable de la déportation
La vie avait pu perdre le sens du réel
Sans le retour nécessaire de ce qu’il était
Quotidien, familier, et bien établi en sa nature.
L’indifférence put reprendre sa place,
L’ignorance, maintenir ses domaines
Et
se satisfaire des temps nouveaux.
La pénurie fut si peu tolérée,
Qu’elle était passée sous silence.
C’était, outrageusement, l’apanage
Des femmes, réorientées en nombre
Par l’abnégation courante et salutaire
Reconnue
d’utilité publique.
Ce qu’il nous était donné à vivre
Put paraître un simple arrangement
Et une remise à jour de l’espérance
Qui n’avait rien à apporter ni à exiger.
C’était en rentrant un visage, ma Mère,
Le front haut et les yeux profonds
Elle me regarda avec insistance,Et esquissa un sourire pour tout accueil.
II) Le lendemain
(version B) définitive.
C’était, en rentrant, cette vapeur chaude
Qui venait des brûleurs chauffés au rouge
D’un chaudron à gaz avec son étrange soufflerie.
Dessus une cuve à la vieillesse pardonnable
Faisait office de bouilloire.
Nul doute, l’après-guerre n’en finissait pas,
Et d’en souffrir, entretenait des attitudes
Aussi surprenantes que singulières,
Par lesquelles paraître et survivre
Se confondaient en profusion désespérante
Avec un dénuement inavouable.
Les rumeurs de rues familières
Se jouaient des bons d’alimentation,
Et du dévouement des bonnes oeuvres
Réhabilitant les grands élans caritatifs.
Pour chacun, hors la violence du front,
Hors l’inimaginable de la déportation
La vie avait pu perdre le sens du réel
Sans le retour nécessaire de ce qu’il était
Quotidien, familier, et bien établi en sa nature.
L’indifférence put reprendre sa place,
L’ignorance maintenir ses domaines
Et se satisfaire des temps nouveaux.
La pénurie fut si peu tolérée,
Qu’elle était passée sous silence.
C’était, outrageusement, l’apanage
Des femmes, réhabilitées en nombre
Par l’abnégation courante et salutaire
Reconnue
d’utilité publique.
Ce qu’il nous était donné à vivre
Put paraître un simple arrangement
Et une remise à jour de l’espérance
Qui n’avait rien à apporter ni à exiger.
C’était en rentrant un visage, ma Mère,
Le front haut et les yeux profonds
Elle me regarda avec insistance,
Et esquissa un sourire pour tout accueil.
III La rue. Version définitive juillet 22
L’été, le soleil faisait l’ouverture du jour,
Par ombre franche et lumière diffuse.
La rue se jouait de ce partage étonnant,
En simple alternance du matin au soir.
Elle pouvait avoir en aperçu des attitudes
Surprenantes pour le regard attentif,
Et au-delà, les caprices des sens.
Les trottoirs, bordés de caniveaux profonds,
Laissaient planer une odeur lourde
De pain cuit qui s’étendait en rez de chaussée
Par des lucarnes étroites à la sueur huileuse.
Le jour, à peine établi, était parfois saisi
A la dérobée par une pluie soudaine légère,
Et tout autant furtive par sa fraîcheur
Qui adoucissait la grisaille des murs,
Dont certains n’étaient que volets clos.
Les bruits, au delà des murmures,
Epuisaient toutes les fluidités sonores
Propres à satisfaire quelques musiques
Bien opportunes et si contemporaines.
Toujours en exactitude, les sirènes annonçaient
La fin convenue du commerce de civilité
Le faubourg se prenant d’un tremblement
Semblait ne plus être qu’un vaste dépôt
Pour les vieux et autres, d’aucun rivage,
Pour qui le marché, sous le métro,
Entre déchets et immondices,
Etait ouvrable à
midi trente.
IV.
La Dame en noir ou la Dame du soir.
L’été, le quartier faisait son plein de rumeurs.
De rue en rue, l’air frais se jouait du vent
Et ne passait jamais la grille noire du portail.
Il fallait franchir la cour pour atteindre la sortie
Avec une discrétion presque féline,
Et ne rien voir des regards tendancieux
Aussi soupçonneux que médisants.
Nous n’étions d’aucune amitié,
Que des compassions vieillies
Jetées à la volée par des dames de charité
Au passé équivoque et outrageusement
Innocentées par bienséance.
Elles étaient pommadées en conscience
Pour mieux convenir et s’en persuader,
Assurées d’un faire valoir national
Qu’elles s’autorisaient avec insolence.
Sur le versant le plus ensoleillé de la cour,
Sur deux fenêtres mal fleuries
Où les mouches en volées s’écrasent,
Logeaient, au pire de l’indifférence,
D’autres nous mêmes, en semblance,
Rompus au silence de l’humilité.
La mère ne se signifiait qu’avec mesure
Par la présence à discrètion de ses enfants,
Et ne disait rien qui ne fut agréable.Nous l’appelions la dame du soir,
Et elle était de tous les
boniments.
Veuve pour les uns, pute pour les autres !
Le temps était encore à l’ignominie
Des délateurs et des repentis
Revenus en cortège. La vie coutumière
Fut à leur égard bien tolérante,
Jusqu’à restituer le fond de l’air
Qui n’a jamais vraiment quitté la rue.
Le désastre se délayait en anecdotes
Par des causeries de pavés,
Qui se jouaient des apparences
D’une réalité épuisée en euphémisme
Pour les uns, et en imposture pour les autres.
Isolée, elle savait ne rien attendre
De ce qui se disait, si lointain, si faux.
Son départ ne fut que le reflet d’un autre,
Tragique et sombrement accompli.
Sur le versant le plus ensoleillé de la cour,
Il y a deux fenêtres, et elles sont fermées !
Nous suivions la pente douce de la rue
Qui nous forçait la jambe jusqu'à courir
Pour nous retrouver face à face
Avec une porte en arche boisée
Aussi monumentale que défraichie
Et que nous franchissions silencieux
En baissant la tête devant une directrice
Toujours en embuscade et en voix.
Elle était ce qu'elle avait toujours été,
Une souche lourde et froide
Qui n'avait rien changé, en habitudes
Autoritaires, ces caprices humiliants
Chaque matin, elle était la vieille garde,
V) L’école d’hier (version définitive)
Que savions nous de la démesure,
Quand elle saisissait nos regards
?
L’effroi bien souvent nous affolait
Par la béance de l’édifice. C’était l’école,
Toute de briques ocres et faïencées
Et de fenêtres géantes en arcade
Filtrant la lumière du jour.
Il était ce que la géométrie imposait,
Aussi haut que large avec des toits
De belle charpente vaste d’amplitude.
C’était des entrées en rotonde
Curieusement décorées de mosaïques
Offrant en surcharge des dorures
Qui renforçaient une fausse somptuosité
Et rendait l’illusion plus active.
L’esprit de garnison dominait la bâtisse
Dans sa division des âges et des genres
Et tout autant par l’autorité froide
Des maîtres aux allures austères,
Qu’ils fussent nouveaux ou anciens,
Et dont nous ne savions qui ils étaient.
L’épuration affichait un grand vide
Laissant le silence des réhabilitations
Tirer les rideaux et restaurer les hymnes.
La dérision était sans honte,
calme.
Un terreau pour toutes les conversions.
Que nous soyons un nouvel assortiment
Importait d’autant, que les arrangements
Avaient, plus que les allées, balisé l’horizon.
De nos jours l’école n’est plus qu’un site
Qui renvoie en écho les années noires,
Quand les enfants, au béret de feutrine
Tout en pointe, jusqu’à l’oreille
Et affublés d’une pèlerine de gros drap,
Défilaient en chantant les temps nouveaux,
Insanités aussi naïves que monstrueuses,
Claquant, de leurs galoches, le pavé
Pour ne rien troubler de leur innocence.
VII B. LE FILS DE LA POLONAISE.
De caractère vif et impétueux
Il était de toutes les audaces,
Jusqu’à tirer la cigarette de papier cru
Qu’il portait, avec manière, à ses lèvres,
Laissant la fumée embrumer ses yeux
Qu’il retrouvait dans un regard frondeur.
De toutes les opportunités, il était la rue,
Dont il figurait, par son allure altière,
Les humeurs juvéniles d’une ardeur
A la fois sauvage et lumineuse,
Celle d’une avant-garde active
Qui le faisait plus poète que larron.
Il était haut sur jambes, tête au vent,
Une voix en puissance, fluide,
Et un rire ample et opulent.
Mieux que personne il disait les choses
A écouter, à méditer, à posséder.
En toute saison il était d’une même tenue,
Un ensemble défraîchi en velours élimé
Qui, aussi étonnamment qu’il fut,
Le vieillissait avec avantage.
C’était mon Imaginé, mon Aristote,
Le Bel ami de mon enfance, mon refuge.
Parfois, parmi nous, au meilleur de sa joie
Il se prêtait à quelques fantaisies
Dans sa langue teintée de musique
Et récitait des poésies intenses et lyriques
Qu’il disait d’âme patriotique.
De sa personne, il était en immensité,
Ce que nous voulions être,
Et qui se perdait en obéissance
Derrière des murs de solitude,
La nôtre, la mienne, sans reflet d’existence.
Sa santé était sa contrainte et son défi
Dont il savait simplement l’issue
Qu’il conjurait avec une ironie froide,
S’honorant de jurons confondants.
Nous l’avons porté en terre
C’était un mois des années grises,
Aux portes d’un hiver rude et cruel,
Dans l’insignifiance des jours.
De lui, les mots incomparables d’ivresse
Avaient fuit pour d’autres séjours.
Je ne savais et ne disais que son prénom
Qui n’était pas le sien.
Ce n’est que bien plus tard,
Devant les ruines de l’immeuble où il vécut
Que fut évoqué, Marek,
le fils de la Polonaise !
Auber . 1995 Révisé St J. 2022
Il se savait hors l’enfance,
Qu’il ne connue jamais
Ouvert à toutes les hostilités !
Bis 1
Dans un soufflet d'accordéon.
Intermède
MAHAM INDIA
Textes en dédicace pour l’exposition de photos de Michèle au FIAPAD de Nanterre en novembre 1984. 1er et 2eme séjour en Inde.
Maham I.
Je vous nomme en commun désir
Mridangam
Quelle foudre sourde étonne vos peaux
Mystiques
Vos caprices fauves en délires
Sont des ententes en psalmodie
Vibrant sagace prélude
Sous un ciel virgulé d’étoiles
Nous sommes en suspension du temps
A l’écoute infinie
Le jour à l’extrême des nuits parait
Le musicien retient sa main
Et la pluie se fait soudaine
Paris le 24 octobre 1984
Maham II.
Je vous sais beautés déployées
Au fil de l’eau qu’un ciel
Dans le blanc et bleu calmé
Sur le blanc et bleu décline
En quel espace ordonné solaire
D’un cri en forêt les oiseaux
Front de saison immobile
A vous pêcheurs de l’aube
Déjà se referme du temps la mémoire
Les vagues sillonnées de vos labours
Et l’effloraison des confusions divines
Dans vos yeux sans éternité !
Paris le 17 novembre 1984
Maham III.
Nous allions en songe
L’arbre à la terre enfouit ses racines
Les dormeurs de l’aube soupirent
Et le jour barque sur l’onde
Sous le ciel s’attarde en désir
Nous allions en songe
Lagune d’infinité au regard ravi
Fébrilité de musculeux efforts
Dans la transparence étonnée
Des clartés du monde
Nous allions en songe
Vos noms se font source lumineuse
Et simple chant sur les cimes
Jusques à nos séjours immuables
En vos demeures Mahalingam
Paris le 21 octobre 1984
Maham IV.
1. Le vent, la pluie, la nuit irrigue la lagune
Les brumes chaudes s’évanouissent
Il n’est murmure que le silence
Au delà des murs terrassés
Le temps s’oublie en raga algues océanes
Au temple qui s’endort
2. Le vent, la pluie, le céleste désordre
En mille voix de femmes
Echo en imploration suspendue
A tous les vimanas d’un lointain savoir
Le temps s ’oublie en talas vagues lentes
Sous la lumière d’une ivresse lunaire
3. Le vent, la pluie. Les dieux ferlisés
D’un véda philosophal médité
L’interminable accomplissement d’un soir
Un fleuve altier sur tant de ciel
Le temps s’oublie en fécondités
Dans l’attente d’un jour nouveau
Paris le 29 octobre 1984
`
`Maham V.
Nous ne pouvions imaginer
De tant d’avatars le mirage
Et le rite de tant de séjours
En renouvellement d’offrande.
Les pierres de sommeil
Furent la fraicheur du soir
Des heures de sérénité partagées
Et se sentir hors la multitude
Par un regard de solitude.
Nous ne pouvions imaginer
L’éblouissement de l’innocence
Et ses harmonies silencieuses
Mêlant nos voix muettes
Nos étions ce jour dans le cristal
Des mélodies hors du temps
Des enfants du chant Drhupad.
Paris 3 novembre 1984
Maham VI.
Nous étions au bout du bout du monde
Là où la terre regarde l’océan
Là où les oiseaux poussent leurs ailes
Jusqu’à la naissance des premières glaces
Là où une prière de femme hors du silence
Devient un sommeil d’enfant
Nous étions au bout du bout du monde
A l’aube de la nuit blanche étoilée
En multitude de védas renouvelés
Sur les voies heureuses du ciel
A nous rêver sur quelques rivages
D’une autre vie.
Paris le 14 novembre 1984
Maham VII.
Hampi une certitude d’absolue
S’était soudainement offerte
Derrière des remparts de cannes à sucre
Vallée dominée par le mont Anjaneya
Et la gopura du temple de Virupaksha
Les ruines n’y sont pas testamentaires
Et l’histoire semble scellée à tout jamais
Parmi les dédales d’un village en survie
Dans le futur de son passé.
Ancienne capitale du Karnataka
Vijayanagar-aujourd’hui Hampi- foyer des temples de Vitthala le ratha (chariot en pierre), de Virupaksha la gopura (toit en cône) , et aussi remarquables les bains du lotus Mahal et tout le reste qui fit de Hampi au XV eme siècle après Beijing la ville la plus peuplée au monde (un demi million d’habitants). Elle fut détruite par les forces des sultanats du nord, de Delhi suite à la défaite de Telokota en 1565.A deux reprises la ville aux dimensions métropolitaines fut saccagée et pillée.Quant à son héritage, il fut dispersé. L’empire hindu des Vijayanagar n’aura duré que deux siècles.
Textes en dédicace pour l’exposition de photos de Michèle au FIAPAD de Nanterre en novembre 1984. 1er et 2eme séjour en Inde.
Hommage de toujours pour toujours.
Vladimir la Révolution
Vingt démons à ta tête d’enclume
Tu te disais à l’heure foudre d’airain
Instruit de ces lumières le défi
Ton
nom exorcisé était un étendard
En passeport de l’étoile rouge
A l’abrupte conscience
De tes mots de clarté en clarté étendue
Par ta plume dans le sang fertilisé
D’une espérance étonnée
De tant d’horizons pour tant d’hommes.
Les temps étaient d’une autre saison
Tu étais citoyen d’un peuple en devenir
Vingt démons à ta tête d’enclume
Tu étais la multitude en force tonnante
Le souffle de la Commune retrouvée
Soeur Lumineuse insurrection du monde
A toi même la renaissance
D’une moisson nouvelle.
Paris le 22 avril 1979
Des gens parmi d'autres. 1
LVII
L’aliéniste
Vous saviez avec autorité et pertinence,
Celles là mêmes que vous montriez
En administrateur, maitre de séance
Et magnifiquement zélé,
Qu'il n'était pas fou ou si peu,
Bien que vos définitions, soupçonneuses,
Le rendissent, à votre gré, attrayant
Pour la profession en déclinaison carcérale
Couvrant le marché des névroses. Déficient
Déclaré, il le fut, et curieusement traité.
Certes, il buvait plus que de raison
Le fond vaseux des bouteilles sales,
Que vous laissiez sur les tables,
Le cul dans l'eau, et de sa langue
Léchait le bois graveleux, en surface,
Nourrissant une déchéance ordinaire
Dont il disait, calme, le divertissement.
Il n’était que l’anonyme d’un désordre,
D’une folie enivrant la multitude
Qui ravissait vos cahiers de servitude
A la complaisance savante, ordonnée
Et qui faisait de vous une référence.
Il n'était pas fou en simplicité,
Mais si laborieusement blessé
Par tant de sollicitude douceâtre,
Celle d’une famille dévote
Tout en convenance et la vôtre,
Que vous osiez, chaque matin,
Par la grâce d'un neuroleptique assassin
Offert à même votre main,
Avec un sourire d'enfant amusé
Qui ne vous a jamais quitté !
St J. le 20 Août 2018
Des gens parmi d'autres. 2
LVII Bis
Maladie (l’actrice, voisine du 3eme)
A son sourire, nous ne savions
Quel mal se jouait de sa vie
Dont nul ne sut vraiment le cours
Qui fut entre généreux partages
Et envolées fantasques,
Qu’elle n’évoquait qu’avec frivolité
Pour éloigner la pelle et la pioche
D’une médisance déjà active.
Elle savait ne pas savoir l’adversité
Et osait jusqu’à l’absurde l’audace
Du défi qu’elle nourrissait
Avec la rage des joueurs de table
Qui n’en finissent plus d’espérer.
La douleur, toujours en rappel
Quand la sueur perle au front,
N’entretenait aucun négoce
Qui fut de bonne source rodé
Mais si sincère en dérision
Jusqu’à l’ironie en éveil.
La maladie s’était signifiée
Sans qu’elle fut vaincue,
En simple déclinaison hospitalière
Inscrite en toute lisibilité
Sur le revers d’un feuillet volage.
C’était la dernière scène du dernier acte,
Elle fut magnifiquement transférée,
En équipage de blouses blanches
Quand elle quitta la chambre, mains levées,
Se gardant, lucide, de croiser les doigts.
Paris le 23 mars 1982 Réécriture texte de Janvier1976
Caprices retrouvés
depuis 1964
NOUVEAU RECUEIL
1965…………2021
Mise à jour définitive mais incomplète.
1
Caprice poétique
Porteuses de ciel
Sombres jeunesses
Vos austères sommeils
Se font nuit sans voile
Sans clair regard
Ni éclat de lune
Paris 17 septembre 1965
2
Désert
Je m’en irai
De capes en lanternes
En sillons étonnés
De rivières en sommeil
Dans des yeux lumineux
Semblables à la mer
A l’aube des soleils.
Paris le 19 janvier 1966
3
Nef
La nef de tes pas sur un lit en vitrail
Lumière au vif déployée pénétrable
Je te sais je te crois au clair visible
Des rives indicibles le reflet voilé
La nef à ta main glacée songe
D’un autre songe en matin espéré
Ce matin enfanté des ombres
Et le cri d’une ancienne douleur
La nef à ton regard une blessure
Vieillie en pluie d’humeur noire
La mort déjà sans masque
Et ce départ parmi les brumes du soir.
Paris le 5 février 1972
4
Ainsi
Ainsi l’étang gelé
Fibre d’un seul asile
Ainsi la folle liberté
D’évidence imaginée
Les fureurs de vie
Epuisent la terre
La vérité active
Ilumine l’oeil
De voûte et d’ascension
Et s’éclaire d’une étoile
Ainsi fendu de ciel
Eclat plus que nature
Voleur de feu
De tous invisible.
Paris le 16 mai 1970
5
Epouvante
Vous avez jeté
Vos souffles vénériens
Aux fosses de ma tête
Ces livides railleries
Dévidées tournoyées
En rampe d’hiver
D’escalier de jour
Pendant une nuit
Comme il n’en est pareille.
Paris 24 juin 1970
6
Apparences
Jusqu’à l’extrême illusion
Elle paraissait sous des limbes
Un flou d’apparence
Au creux de ses mains
L’ondoiement enivrant
Fixé aux racines de son corps
La tête doucement allant
Sans un balbutiement
Jusqu’à la hauteur bercée
Au dernier degré de l’astre
Elle semblait offerte
Le front nu les yeux glacés
Le rêve aboli la veille
Prenait figure de ciel
Et son regard se perdait
Dans la fuite du jour
Paris le 30 décembre 1968
7
Renaissance
Laisse passer au ras des murs
Le soleil jusqu’aux portes
Ton âme en son front brûle
Et aussi l’aube désertée
Le jour fait refleurir
Ce que la nuit a froissé.
Paris le 14 octobre 1968
8
Morsure
Vipère effroi de ta morsure
Si lascive et étendue
Sur la roche chaude
Et tes yeux froids et vitreux
Mirage d’une brulure
Dans l’aile abattue
D’un nouveau jour
A midi lumineux !
Paris le 30 octobre 1968
9
Illusion
Je voudrais fouler
De mes yeux éclairés
Le ciel qui mène à toi
Quand l’été est passé !
Paris le 2 octobre 1968
10
L’eau
Il savait l’eau calme et claire
Pour y noyer son regard
Et oublier ses confusions
Lourdes et si peu visibles
Il savait l’eau naïve
Et pourtant féline
Dans sa fuite irritée
Au cours tumultueux
Il savait l’eau solaire
Espérance des déserts
Dont il ne put imaginer
Qu’il marchait sur la mer !
Paris le 4 octobre 1969
11
Le voyage
J’ai erré dans tes silences
Si longtemps aveuglément
Avide de saisons
Les tiennes parsemées
Jusqu’à l’horizon
Dans tes refus insensibles
A comprendre l’ostensible
Et pénétrer le coeur des choses
Qui fleurissent en toi
Et que j’aime à boire
Dans l’arche de tes mains.
Paris le 15 mars 1970
12
Mirage (ex. La prière)
Il ne fut jamais nourri en solitude
Que d’une amertume consentie
Dont il portait les blessures
Fardeau d’une existence hors champ
Impossible à vivre et qui dort
Au fond d’un tiroir
Dans le vide d’une poste restante.
Paris le 6 octobre 1969
13
L’elfe (ex. Morsure)
Elle ne portait jamais d’étoffe
Qui put couvrir son cou
Dont la fragilité se signifiait
Par une tenue de tête tendue
Offrant un visage froissé
Et lourdement vieilli.
Elle avait une voix sombre
Appuyée par un cri cassé
Et un souffle sec, altéré.
Quant à son regard
Il était celui du cristal
A l’opacité vitreuse.
Elle disait ne rien voir
Du visible outre les ombres
Quand la sienne en tache
Voilait le soleil.
Paris le 24 octobre 1969
15
La clef
La clef est là pendue au fermoir.
On la prend au firmament du jour,
Derrière la porte qui s’étire,
Derrière le rideau d’ombre
Où sommeillent des senteurs
Légères et nauséeuses
D’une époque sans mémoire.
La clef est là pendue. Déchire
La lettre illusion, si confuse
Si incertaine en vérité son défi
Elle occupe toute la place
Dans la nuit de la serrure !
Paris le 11 mars1970
16
Retour
Sa voix parmi les silences
Nourrissait la certitude
De l’espérance
Dont nul ne pouvait ignorer
Qu’elle fut le reflet
De la vie toute en lumière
Hors les temples sectaires
A l’avidité violente
Des marchands de sommeil
Il était de ceux mal nés
Qui osait le désordre
Sans jamais le savoir
Et tenait sa solitude
D’un abandon lointain
Frayeur d’une absolution
Annonciatrice d’un vrai retour
Dont il n’eut jamais la révélation !
Paris le 24 octobre 1978
17
Vourdalak
Il ne voyait du miroir ni image
Une semblance en soupçon
Ni regard qui fut le sien
Dont il ne sut jamais l’allure.
A lui même il était étranger
Et s’étonnait de ses mains bleuies
Dont les veines serpentaient
Jusque sur ses bras invisibles.
Fut-il ce qu’il devait être
En cette nuit plus profonde
Et plus noire entre toutes ?
Comment put-il le savoir
Devant un désastre perpétré
Dont l’histoire perverse
Raconte tout et son contraire !
Paris le 16 mai 1965 (film de Mario Bava d’après la nouvelle éponyme d’Alexeï Nikolaievitch Tolstoi)
18
La Marionnette
Du doigt elle pointait la nuit
Son regard se perdait dans l’innocence
Quand perlait grise la pluie lointaine
Seule elle parlait à voix basse
Se multipliant dans un rôle
Dont elle abominait l’allure
Elle était un mystère inavoué
Portant sa cape en poupe
Sur une main agile et froide
Où elle se faisait souveraine
En bouffonnerie agacée
Elle semblait d’un grotesque
Aussi exaspéré que fatigué
Portée par la foule hurlante
Que l’homme des foires
En écho tragique reprenait
Annonçant du guignol silencieux
La mort prochaine.
Paris le 17 mai 1973
19
Les cannes blanches
(texte déplacé, voir autres séries)
20
Naissance
Ce pur maintien
D’un ordre établi
Essence première
De ce qui l’a fait naître
Si lisse si légère
Essence de vie déjà
A occuper le désert
De ce qui n’est pas
Et qui en magnificence
Devrait être
Quand il fleurit l’accessible
Le reflet enfin saisissable
De ce qui lui ressemble
Le temps halluciné
D’un songe de l’univers
Essence d’un autre songe
Devenu fertile !
Paris le 14 février 1973
ooooo
Aikus
érotiques. (voir série)
Le corps pleurait
Félicité humide
De sueur chaude
o
Verge étandart
Sur tant de mont
De Vénus étanché
o
La béance sensible
D’un tremblement nuptial
Et l’éclat éblouissant
o
L’antre n’était que béance
Et fragilité de le paraître
La peur plus que la retenue
Saint Jouin 8 octobre 2003
ooooo
Mirage
Dans la nuit de l’innocence
Rien ne paraît plus
Puis à l’aube c’est une femme
J’en ai la calme présence
Et tout lui dire
Jusqu’à mon nom.
Paris 8 octobre 2003
OOOOO
Que la pluie froide
Sur des portes closes
L’effroi d’un soir en haute maladie
Où se saisit l’éclat saisissant
D'une nuit lucide
De mur en mur
Qui affirme au monde
Ce désastre terrestre
Qui dira de ce séjour
La
douleur soupçonnée
La pluie s’est fait entière
Noir roulis obscur rejet
D’une heure en démesure
A mesure que la vie meurt
Et que j’ai fait naître!
OOOOO
C'est un jour de pluie ordinaire
Larmoyante et froide qu’ effleurent
Des soupçons de sourire
ooooo
Femme de charité
(premier état)
Il paraissait sombre et douteux
Le pas hésitant et le regard flou
Il était l’homme d’une triste fable
Trainant une vieillesse oubliée
Où les oiseaux jouant la grammaire
Et les mots par- dessus les sifflets
Charpentaient une musique de sérénité
Dont il ignorait qu’elle fut si proche
C’était une impasse en honte égarée
Ouverte à la salubrité nocturne
Sous l’œil froid d’une lumière cristalline
Il remontait la rue et elle faisait le trottoir !
Paris le 17 janvier 1997
ooooo
Femme de charité
(Deuxième état)
Que n’osait-elle du regard
Si effrontée qu’elle fût
Lui dire sa solitude au-delà des mots
Qu’en sa tête il chantait parmi les oiseaux
Par-dessus les nuits par-delà les jours
Effleurant le silence de ses pas
Que n’osait-elle de sa main tendue
Saisir la sienne si lourde
Qu’en ce temps de grisaille
Il portait à son cou en écharpe
Pour ne rien laisser paraître
D’une quête inavouée inavouable
C’était sous l’œil d’une lumière cristalline
Il remontait la rue et elle faisait le trottoir
Paris le 17 janvier 1997
ooooo
Femme de charité
(troisième état)
Elle se savait sèche et fanée
Violaine en violence douce et amère
Nuitamment emmurée
Hors les façades sous des horloges
Où le temps est sans mesure
Les nuits n’en finissaient pas
Sous ses talons aux marches
Teintées de flaques cireuses
Laissant frémir quelques lambeaux
De sueur à l’étage sans tarif
Pour plus d’attrait et de frayeur
Pensait-elle avec ironie
Il n’était de chambre qu’un lit
Flanqué d’un drap sans couleur
Et une lampe à l’abat jour pudique
Pour ne rien voir des miroirs
Le reflet d’une misère ordinaire
Paris le 20 janvier 1997
ooooo
Femme de charité
(quatrième état)
D’elle il ne restait en étal
Qu’un regard au vif de l’air
Sous des portiques de verres
Une habitude sans retenue
Et des mots de soumission
En délires d’alcôve
Elle n’avait de vérité
Que dans l’arrière salle
D’un café où l’alcool amer
Libérait des bouffonneries salaces
Et des histoires en dérive inventées
Elle n’était plus que l’antichambre
D’une autre, un prénom emprunté
Une excuse en écorchure dévoyée
Elle savait ne plus admettre
De n’être qu’une adresse
En dernière page d’un répertoire
Paris le 23 janvier 1997
ooooo
Le dormeur
Il y a des femmes qui passent
D’hier et d’aujourd’hui sur la place
Et tout le jour que la nuit efface.
Mais lui dort en grand silence
Un rêve ébloui en innocence
Quand de la vie la mort se lasse !
ooooo
Poèmes pour une femme défunte
Etat 1
Juste un cri à l’orée du ciel
Dans la brume de septembre
Et un jet de lumière jusqu’à l’œil
Où filtre du jour l’évidence
Le temps joue à s’attendre
Et danse sur une vaine musique
Faite de vieilleries endormies
En
lambeaux d’ennui !
23 Septembre 2011
Etat 2
Une absence toute offerte
Sur des murs en béance
D’une nuit fécondée
La rue n’est plus qu’un désert
Une solitude de femme
Le visage contre terre
A boire la certitude
De n’avoir jamais rien été !
30 Octobre 2011
Etat 3
Quelle méprise égarée ma servitude
Ma soumission. Vaine est l’offrande
Et sèche la main qui la prend
Vieillir plus qu’autre chose sans cesser
Sans raison consentie par rupture.
Pour s’offrir au silence.
Est-ce cela la vie ?
8 Novembre 2011
Etat 4
La sueur faisait lit de sa chaleur
Et la lumière clignait de l’œil
Néons jaunes et rouges
Sur le pli tendu de sa peau.
Une cigarette enfumait le regard
Se consumant de bouche en bouche
Elle disait ce que disent les mots
Le sommeil était vain et l’attente lascive !
9 Novembre 2011
Etat 5
Son corps pleurait
D’un désir humide et froid
Le temps d’une perfide entente
Le temps d’un trouble obscur
Elle était dans l’innocence du jour
Sous un faisceau d’apparence
Une vision lumineuse
D’un baiser à la bouche soudé
Son lit aux draps écrus
Pleurait une solitude de gare
Elle savait de ne plus savoir
La convulsion d’un dernier regard.
Son corps hurlait
Ce qu’elle avait fuit
La fougue en outrage
L’outrage en désir
Et la mort pour compagne !
11 Novembre 2011
Etat 6
Il ne lui restait qu’un souffle de vanité
Une illusion attablée et des mensonges
D’amours éventés à l’amertume sévère
Sur des lits à jamais désertés
Et des histoires toujours imparfaites
Perdues en quelque abime
Il ne restait qu’une porte à prendre
Et une fenêtre à ouvrir
La folie est sans recours
Quand
la vie se consume !
17 Décembre 2011
Etat 7
N’a-t-elle
jamais vécu sa vie
Contre tout partage
Livré à la soumission
Le deuil fut tôt établi
Dans
des draps sans mémoire !
Vendredi 17 Décembre 2011
Etat 8
Ce qui se devine devant la porte
Juste sur le seuil un papier froissé
Une apparence de lettre
Avec des mots illisibles
ooooo
`
Solitudes
1
Au milieu des solitudes.
Il n’est plus de main tendue
Tournée vers quelque ciel
Dans l’ébauche du jour
Entravé sur le glacis du bitume
Le ventre convulsé
Aux milliers d'immondices
Où brûle en soufre le soleil !
2
Au milieu des solitudes
Quel œil au vif acéré
N’est regard confusion
D’une lumière électrique
Dans l’abondance des nuits
Où la chaleur se fait sur le front
Et où l’aube n’est que clarté
D’un astre à la dérive !
3
Au milieu des solitudes
Le matin n’est plus que vieillesse
Etendue sur la table
Lèvres séchées d’une autre saison
Une année encore à vivre
Dans la folie des couloirs
Où dansent des lambeaux de rêve
En agonie ordinaire !
4
Au milieu des solitudes
Il n’est que champs ravinés
Effondrement de toute chose
Jusqu’à la froide obscurité
Où la voix sans voix a tué le silence
Le temps n’est plus à l’habitude
Et l’errance déjà en finit
De ce mirage universel !
Paris le 11 décembre 1976
ooooo
Les mal-nés
Auber. Mars 2005
Enoncé.
Il était de ceux pour qui le matin
Avait encore la fraîcheur de la nuit
Inépuisée et le sommeil en suspens
Ses yeux mi-clos fuyaient la lumière
Hors le jour en son lointain
Que semblaient déverser somnolentes
Des images sans mémoire !
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