Natanoucha et Ianoucha
Nous volerons les étoiles de mai
A l’aube du clair soleil
Et nous danserons avec elles
Habillées de jour
Nous irons dans les vastes plaines
Faites de silence et de rosée
Et nous les séduirons.
Aubervilliers 4juillet 1988
XI) Le marché du soir
XII) La vérité si dure !
(version française et russe définitive 23.8.21)
Que pouvait être l’espérance
A la fin des années quarante
Qui se baladait de swing en foxtrot
Sur les ondes reconquises
Et dans les cabarets rive gauche,
Rythmant les jours nouveaux
Sur fond de purgatoire nauséeux
Et de rédemption salvatrice.
La fin des années quarante
Furent des années de discrétion,
Pour le repentir et l’expiation,
Et tout autant des années de rancœur
Par tant de certitudes anéanties.
D’un uniforme à l’autre,Les mêmes foules pour d’autres mots,
Se prêtaient jusqu'à l'innocence
Au mirage d'une liberté convenue
Laissant libre cours silencieux
Au jeu pervers des intrigues,
Des retournements et des ralliementsLes seuls, en abjection, inexpugnables
Sur des restes sans triomphe
D’une autre occupation déjouée
Et enterrée à la hâte sans drapeau.
Quant à la libération, que fut elle
Dans les bordels normands,
Parmi les ruines et les cadavres,
Hors négritude, que des blancs
Pour les passes alimentaires.
La monnaie de singe avait cours.
Tout était négociable,
D’une répugnance à fuir,Jusqu’à la collaboration
Convertie à la Résistance.
Il fallait rattraper l’histoire
Et la rendre honorable
En bonne conscience
Pour ne rien confesser
D’une vérité trop criante,
Quand la gloire pour l’Un
S’évaluait odieusement en profit,
Et pour l’Autre en sacrifice,
Jusqu’à la démesure.
L’Armée Rouge s’est arrêtée sur l’Elbe,
Que n’est-elle allée jusqu’à Brest !...
Version définitive le 23 août 2021
На что мы можем надеяться
В конце сороковых годов
Кто скитался от качели к фокстроту
На волнах восстановленных
А в левом кабаре,
Отмечание новых дней
На фоне тошнотворного чистилища
И о спасении искупления.
Конец сороковых
Были годы свободы действий,
Для покаяния и искупления,
И столько же лет недовольства
Несомненно, так много разрушено.
От одной униформы к другой,
Те же толпы для других слов,
Оправдывали себя
К миражу согласованной свободы
Уступая место молчанию
К извращенной игре интриг,
Поворотные точки и митинги
Единственные, в унижении, неприступные
На останках без триумфа
Еще одной сорванной оккупации,
И поспешно похоронен без флага.
Что касается освобождения, что это было
В нормандских борделях,
Среди руин и трупов,
Из негритянства, только белые
На пропуск на еду.
Обезьянья монета была в ходу.
Все было предметом переговоров,
С нежеланием бежать,
До сотрудничества
Обращен в Сопротивление.
Мы должны были наверстать упущенное
И сделать это достойно
С чистой совестью
Ни в чем не признаваться
Из слишком вопиющей истины,
Когда слава Единому
Ценили себя отвратительно в прибыли,
И за Другого в жертву,
До предела, до крайности.
Красная Армия остановилась на Эльбе,
Что она ходила в Брест...
Bis
Что никогда не было сказано
Чего никогда не было написано
После лжи!
Bis
XIV) L’école des années 50 (révision 29 Août 2021) 1
La classe tenait du théâtre sans rideau
avec sa scène en estrade étroite
Et son parterre de tables rangées
Que nous occupions bras croisés
Sans le soupçon d’un geste, d’un bruit.
Après la comédie des compositions,
Les premiers devant le tableau
Et les derniers près de la porte
Semblaient ignorer les autres.
Ceux de l’entre deux, chahutés,
Se dévisageant, la rage au coeur.
La maitresse, le regard vif et malicieux,
Affichant un cynisme résiduel éculé,
Se plaisait à cette mise en scène
Très à l’honneur sous la francisque
Et qui satisfaisait les mères honorables,
Mais où guignol aurait pu pleurer.
L’éloquence marchait, blouse grise,
Et bottines cirées, entre les allées étroites.
D’allure, elle ne l’avait que par une poitrine
En corbeille à double rondeur volumineuse.
Le reste était à l’avenant, sans surprise
Si ce n’était ce visage finement pommadé
Et un boitement léger de la jambe gauche
Parodié sans subtilité par quelques uns.
Près de ma table, elle me regardait
Plus du doigt, raide, que des yeux,
Et évoquait curieusement mes frères,
Ces crève la faim d’hier, de la guerre
Et qu’elle feignait d'ignorer.
Elle prononçait , amusée, mon nom
En appuyant sur la syllabe dure.
Ce put-il qu’elle fut ce qu’elle paraissait ?
Je ne lisais ni Jules Verne, ni Victor Hugo.
Et j’étais effrayé par les livres des Dumas
Qu’elle se plaisait à exhiber, rayonnante
En osant la lecture que nous reprenions
En choeur, tantôt braillards tantôt bourdonnants.
Cette femme me faisait regretter qu’elle le fut.
Un jour de rédaction, elle était si inspirée, 2
Qu’elle se mit à lire mon travail
Eveillant, de tous, un fou rire terrifiant.
Dans le fond de mon sac, tout en usure,
Elle aurait pu y trouver mes premiers opus
Et aussi lumineux qu’une étoile du soir
Un feuillet des Roses de Saadi de MarcellineIl y avait aussi, depuis au moins deux générations, Le Faust de Goethe dans une édition carnet de 1881. Il est toujours dans le tiroir gauche de ma table et porte toujours mes surlignes. Je ne m’en suis jamais séparé. Actuellement, dans le même format, le carnet “Vingt poèmes d’amour de Néruda” l’a rejoint. Quant au texte de Saadi, il s’agit d’une copie manuscrite de ma Mère aujourd’hui perdue.
Cette " institutrice" a existé. Sa réputation pétainiste était bien établie. L’épuration qui n’a jamais abouti et dont nous vivons encore de nos jours les conséquences, a pu l’épargner au bénéfice du doute très en vigueur..
La rumeur a circulé à la fin des années cinquante qu’elle avait été révoquée avec bannissement.
Quel âge pouvait-elle avoir en classe ? Elle m’a paru d’une autre époque. !
Bis
L’école est toujours en devenir
Elle ne sait rien de ce qu’elle devrait être
Puisqu’elle ne sait ce qu’elle est !
L’école un fantasme pour les uns
Une affliction pour les autres
Mais pour tous une illusion !
De pédagogues en démagogues
L’école reste toujours sans avenir !
La question de l'école
Pour cette société
Tient de la
versatilité et de l'asservissement.
Elle n'a jamais été favorable à l'intelligible.
Elle ne s’adapte pas elle s’instrumentalise
et se manipule. En clair elle peut entrer en ludothèque et prétendre à des jeux vidéo sophistiqués.
Ivan
Illitch évoquait la séparation de l'école et de l'Etat. Il importe de
savoir de quel type d'Etat il s'agit et de ne rien ignorer des
substituts potentiels- la privatisation par exemple-porteurs
d'aspirations aussi bien définies que mal-versées.
Tout se vend et tout s'achète. Saint Stanislas a un prix magnifiquement carrossé quant aux humanités, elles sont ce qu'elles doivent être entre les pr!ères.
Quant
à Rabelais, nous ne pouvons que supposer qu'il convient d'un homme aux
désirs d'accomplissement de la convivialité dans toutes ses dimensions sociales et culturelles.
Qu'en est-il du tribalisme et de sa définition sociale et culturelle et plus encore de son établissement ?
Comment
admettre la "milliardisation" d'une société ? Elle devient
protestataire par défaut et participe activement à son dépérissement. (prestation et protestation, curieux attelage)
Les autres !
XIX) La gardienne.
Elle jetait l’eau dans l’unique réservoir
Qui se trouvait sous l’escalier,
Et abandonnait l’affreux bassinet
Dont l’émail avait perdu toute référence.
Elle pouvait l’avoir emprunté au dispensaire.
Le social et la santé se rétablissaient
Dans des endroits aussi singuliers
Que sévères sans jamais s’offrir du neuf.
Chaque matin, en toute saison,
Elle agissait de même, aussi braque.
Elle était un regard de toutes les perfidies,
Une coiffe en chignon contracté,
Et un visage en lame de couteau.
C’était la concierge, celle-là même
Qui accompagna de ses insultes,
Dans la chaleur humide de juillet,
La vermine ainsi dénommée
Que des carcasses d’autobus
Convoyaient jusqu’au Vel d’Hiv.
C’était en juillet quarante deux.
On ne juge que les complices de crime
Mais de crime, il n’y en eut point,
Si ce n’est le vol supposé d’un bassinet
Au dispensaire du quartier !
Bis
La misère était en suffisance
Et plus que la fuir
Elle la nourrissait !
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