Natanoucha et Ianoucha
Nous volerons les étoiles de mai
A l’aube du clair soleil
Et nous danserons avec elles
Habillées de jour
Nous irons dans les vastes plaines
Faites de silence et de rosée
Et nous les séduirons.
Aubervilliers 4juillet 1988
Quatrième série
XXXI) Le cinoche 1
L’affiche, de deux fois notre hauteur,
Ecrasait nos regards de ses couleurs fades.
Sur d’autres murs déjà elle avait vieilli,
Et l’arrogance de ses titres noirs
N’était plus que des lettres froissées,`
Dont nous ne cherchions plus la lisibilité.
Notre certitude tenait des annonces
De la dernière séance des nouveaux films
Du même cru que de nombreux autres
Qui façonnaient nos imaginaires
Avec la retenue de la simple croyance.
Le cinéma ne pouvait être une imposture,
Et certains, parmi nous plus âgés,
Le réhabilitaient par des jeux d’acteurs
Et plus encore par des répliques abusées
Qu'ils osaient dans les salles de classe.
Chaque semaine, nous avions la fortune
D’une place que chacun de nous occupait
Avec fidélité et insistance tenace.
Nous retrouvions nos assises usées
Entre les trois et cinquième rangs
Face à un rideau curieusement somptueux,
Assurément d’une autre époque,
Jusqu’à ce que la salle se remplisse
De tout ce qui nous ressemblait
Si sobrement et si magnifiquement populaire !
Bis
Ce que nous étions dans la nuit soudaine
Le néant pouvait nous prendre à la gorge
Dans le désastre de la dernière séquence !
XXXI bis) Le cinoche 2
XXXII) Le cinoche 2
XXXII) Le cinoche II
Ce que nous avions d’innocence
Se portait sur le devant de la scène
En ignorant du cinéma ses artifices
Les jeux en lumière était sa liturgie
Pénombre obscurité nuit
La musique anticipait l’image
A peine épanouie sur un écran perlé
Puis se fixant entre ses limites
S’étalait tel un sirop de couleurs
D’un seul éclat jaillissant
C’était le technicolor d’alors
Un édifice de faux semblants
Où l’illusion elle même se fanait
Nous ne savions plus du trop bleu la mer
Ni du trop rouge le feu le soleil couchant
Et que dire de ces jaquettes si blanches
De tous ces sourires pastichés
Qui de film en film nous alarmaient
Sur nos déficiences dentaires
Conséquences perverses de la guerre
Qui au comble de la soumission
Fit de nos jeudis la rançon sournoise
D’une victoire abusive et de sa perfidie. (1)
Le 28 mai 1946 en contre partie de la liquidation partielle de la dette de la France envers les USA, Léon Blum et Joseph Byrnes assisté de Jean Monet (cognac) signent un accord, suicidaire pour le cinéma français, portant sur l’exportation et la diffusion massives de films hollywoodiens. Par ailleurs Jean Monnet déjà cité et son comparse Robert Schuman préparaient en sous main avec ses amis du Congrès et de la CIA une union européenne dévote et soumise dont nous savons ce qu’elle est devenue.
(1) Le 28 mai 1946 en contre partie de la liquidation partielle de la dette de la France envers les USA, Léon Blum et Joseph Byrnes assistés de Jean Monet l’infect(cognac) signent un accord, suicidaire pour le cinéma français, portant sur l’exportation et la diffusion massives de films hollywoodiens. Par ailleurs Jean Monnet déjà cité et son comparse Maurice Schuman (autre infect) préparaient en sous-main avec ses amis des aréopages du Congrès et de l’OSS (future CIA) une union européenne dévote et soumise dont nous savons ce qu’elle est devenue et ce qu’elle devient.
Les indécrottables ne savent toujours rien.
Bis
Le cantique des cantiques,
Un dieu d’amour,
Et un tiroir caisse !
Le cinéma n'a de cesse
D'abuser de ceux qui ne sont plus !
Pour les uns sentencieux
Pour les autres tendancieux
Te souviens-tu l’étroit passage
D’où elle paraissait chaque matin,
Heureuse qu’elle fut de voir le soleil,
Et haussant la tête elle bravait la rue
Dont elle disait ce que les murs ignorent.
Te souviens-tu cette dame au pas lent
Que nous imaginions d’un autre temps,
Sous d’autres cieux, discrète et lointaine,
Qui disait les mots en les effleurant.
Elle affichait parfois un visage acéré,
Presque illisible et sombrement tragique,
D’une stupeur que la littérature décline
Et que la vie, jusqu’à l’indécence, oublie.
Qui aurait pu dire ce qu’elle fut
Mutine en force et plus encore séditieuse
Sans qu'elle n'en laissa rien paraître
Qui fut hors d'atteinte inavouable,
Avant le premier printemps de liberté,
Tant la vérité, d’elle-même, s’abusait.
Elle fut au plus intense de la résistance
Sans qu’elle ne s’en fut jamais réclamée.
Mais de la fourberie, son ombre,
A la milice française elle fut livrée
Par quelques salauds de cette moisissure
Parisienne en infamie, rue Lauriston
Où la mort se donnait au comptant.
Que pouvions nous savoir qui fut intelligible
Pour, d’elle, dire ce qu’elle pouvait susciter)
Et qui fut plus que discrétion simple pudicité.
Elle était toujours d’une coquetterie surfaite
Qui nous inspirait quelques moqueries,
Et quand, parfois, nous l’accompagnions
Nous nous étonnions de ses cabas trop
lourds
Dont, amusés, nous la soulagions avec ardeur.
Elle nous remerciait, muette, de son regard,
A la limite de larmes heureuses,
Irrigué par un sourire vif et moqueur.
Puis un jour de sombre fatalité, elle disparut.
La blessure, plus que la fatigue en raison,
N’était devenu qu’un sombre désespoir
Devant l'abjection, sa renaissance,
En appel des réhabilitations sordides
A la faveur d'une libération fruste pour les uns,
Et complaisante pour de nombreux autres.
Elle emporta, silencieuse, cette infamie
Dans une maison de repli dans le sud
Jusqu’à ne plus être qu’un écho lointain
Un drapeau flottant jeté en linceul !
Bis
Elle était ce mystère impassible
Affichant une tenue de théâtre
Dont la dignité le niait au grotesque
Images de rues de Paris
XXXV). 1
Comment ne pas oublier
L’eau du caniveau rieuse
Qui coulait nerveusement
Et que nous suivions du regard
Jusqu’à ce qu’elle disparaisse
Dans la nuit des égouts
Nous allions alors le temps
Comme l’eau qui se perd
Sans savoir que nous vivions !
Bis
C’est l’aube
La journée est à vivre
Jusqu’à la nuit !
XXXVI). 2
La rue sous la pluie
C’était le pavé d’un gris scintillant
Et des caniveaux engorgés
A la lumière des lampadaires
Aussi incertains que lunaires
Où s’accrochaient quelques étoiles
Aussi proches que lointaines
Et toutes à jamais résolues
Bis
Curieux ce complexe de la trace,
L'Univers aurait-il une mémoire ?
Je n'ai jamais cessé d'être à la Russie, ce que Yvan Serguievitch
Tourgueniev fut à la France.
Я никогда не переставал быть в России, каким был Иван Сергеевич Тургенев во Франции.
Nous n'avions plus la même naïveté,
Mais nous osions une prodigalité
Nous renouvelant en fidélité
Sur des sièges mal rembourrés,
Et toujours malodorants.
Nous faisions toujours la séance,
Avant qu'elle n'apparaisse.
Rideau, musique tremblante,
Et image à la lueur incertaine
C'est alors que nous évoquions
Avec une insolente maladresse,
Prélude 2
La bourgeoise de 12 ans et son courtisan
Que savait-il de cette gamine,
En jupe bleue de France,
Qui cheminait, chaque matin,
Avec sa mère aussi fière
Que froide et sèche, et qui osait l’étroit trottoir
Où il épuisait invariablement, sur un bord de fenêtre,
Un fond de culotte dont il détestait l'allure ?
Elles étaient toutes deux d’un même sérail, lointaines,
Et bien mal assurées hors leurs
murs de style entre Lourmel et Passy,
Dont elles portaient, plus que l'aspect, l’odeur.
Il arrivait que le père fut de l’équipage.
Singulière apparence d’homme,
Une énergie , sobrement typée.
Le costume le signifiait en attitude
Et condition, honorable,
Si ce n’était de parler, un accent, dont il abusait
La diction, qui brutalement détonait
Autant qu’un léger sourire, en valeur d’échange,
De ce qui était imaginable, entre celui qui passe
Et celui qui reste, et de sourire de cette impudence !
Et qui ne fut rien d'autre en dérision !
Bis
Que me dites-vous de la beauté des choses ?
Celle que vous vivez, ne l'est que pour vous
Sans partage possible.
Juste un soupçon dans l'émoi et un regard volé
En façade.
Quant au reste je vous laisse dans le néant des mots !
Et moi dans celui de ce qu'ils croient être !
Bis
Nous n'avons du soleil
Qu'une clarté aveuglante
Et des brûlures évasives.
Je n'ai jamais cessé d'être à la Russie, ce que Yvan Serguievitch
Tourgueniev fut à la France.
Я никогда не переставал быть в России, каким был Иван Сергеевич Тургенев во Франции.
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