jeudi 5 octobre 2017

MES GARES REVISITEES 4 ENTRE 2015 ET 2017


 

Natanoucha et Ianoucha

 

Nous volerons les étoiles de mai

A l’aube du clair soleil

Et nous danserons avec elles

Habillées de jour

Nous irons dans les vastes plaines 

Faites de silence et de rosée

Et nous les séduirons.   

 

                                Aubervilliers 4juillet 1988

 


 
 
 
MES GARES REVISITEES  4
                      M.O.R
                 2015 – 2017.
 

Quatrième série




























 

XXXI)  Le cinoche 1

 

 

L’affiche, de deux fois notre hauteur,

Ecrasait nos regards de ses couleurs fades.

Sur d’autres murs déjà elle avait vieilli,

Et l’arrogance de ses titres noirs

N’était plus que des lettres froissées,`

Dont nous ne cherchions plus la lisibilité.

Notre certitude tenait des annonces

De la dernière séance des nouveaux films

Du même cru que de nombreux autres  

Qui façonnaient nos imaginaires

Avec la retenue de la simple croyance.

Le cinéma ne pouvait être une imposture,

Et certains, parmi nous plus âgés,

Le réhabilitaient par des jeux d’acteurs

Et plus encore par des répliques abusées

Qu'ils osaient dans les salles de classe.

Chaque semaine, nous avions la fortune

D’une place que chacun de nous occupait

Avec fidélité et insistance tenace.

Nous retrouvions nos assises usées

Entre les trois et cinquième rangs

Face à un rideau curieusement somptueux,

Assurément d’une autre époque,

Jusqu’à ce que la salle se remplisse

De tout ce qui nous ressemblait

Si sobrement et si magnifiquement populaire !

 

 

 

 

Bis

 

 

Ce que nous étions dans la nuit soudaine

Le néant pouvait nous prendre à la gorge

Dans le désastre de la dernière séquence !

 

 

 

 

 



XXXI bis)      Le cinoche 2

                              

 

 

 

 

XXXII)    Le cinoche 2

 

 

XXXII)  Le cinoche II

 

Ce que nous avions d’innocence

Se portait sur le devant de la scène

En ignorant du cinéma ses artifices

Les jeux en lumière était sa liturgie

Pénombre obscurité  nuit

La musique anticipait l’image

A peine épanouie sur un écran perlé

Puis se fixant entre ses limites

S’étalait  tel un sirop de couleurs

D’un seul éclat jaillissant

C’était le technicolor d’alors

Un édifice de faux semblants

Où l’illusion elle même se fanait

Nous ne savions plus du trop bleu la mer

Ni du trop rouge le feu le soleil couchant

Et que dire de ces jaquettes si blanches

De tous ces sourires pastichés

Qui de film en film nous alarmaient

Sur nos déficiences dentaires

Conséquences perverses de la guerre

Qui au comble de la soumission

Fit de nos jeudis la rançon sournoise

D’une victoire abusive et de sa perfidie. (1)

 

 

Le 28 mai 1946  en contre partie de la liquidation partielle de la dette de la France envers les USA, Léon Blum et Joseph Byrnes assisté de Jean Monet (cognac) signent un accord, suicidaire pour le cinéma français,  portant  sur l’exportation et la diffusion massives de films hollywoodiens. Par ailleurs Jean Monnet déjà cité et son comparse Robert Schuman préparaient en sous main avec ses amis du Congrès et de la CIA une union européenne dévote et soumise dont nous savons ce qu’elle est devenue.

 

 

(1) Le 28 mai 1946  en contre partie de la liquidation partielle de la dette de la France envers les USA, Léon Blum et Joseph Byrnes assistés de Jean Monet l’infect(cognac) signent un accord, suicidaire pour le cinéma français,  portant  sur l’exportation et la diffusion massives de films hollywoodiens. Par ailleurs Jean Monnet déjà cité et son comparse Maurice Schuman (autre infect) préparaient en sous-main avec ses amis des aréopages du Congrès et de l’OSS (future CIA) une union européenne dévote et soumise dont nous savons ce qu’elle est devenue et ce qu’elle devient.

          Les indécrottables ne savent toujours rien.

 

 

 

Bis

 

 

Le cantique des cantiques,

Un dieu d’amour,

Et un tiroir caisse !

 

 

 

 

 

 

Bis 

Le cinéma n'a de cesse 
D'abuser de ceux qui ne sont plus !






XXXIII) Chaillot


Chaillot sur les hauteurs du Trocadéro,
C’était l’échappée libre du dimanche soir,
Une fin de parcours bruyante et joyeuse,
Par une avenue de verdure froide
Figée en alignements devant la tour,
Que nous passions en belle indifférence,
Sans jamais l’avoir gravie.
C’était notre dame des suicidés
A l’entre-jambes  ferraillé et vert de gris.
Chaillot, c’était Bourdelle le statuaire,
Les femmes vestales sans regard
A l’éloquence très martiale
Imbue de sentences silencieuses.
Chaillot, c’était en abondance la foule, 
Celle du Paris musique et du Paris théâtre.
Celle pour Ubu Roi et l’opéra de Quat’ sous   
Dont  l’écho se heurtait frontal et clair
Contre la façade des beaux quartiers
A la suffisance essoufflée et terne,   
Veillée en surplomb par les tombes de Passy.
Chaillot, c’était la limite jamais franchie
Entre la vie des deux rives
Que par nature nous attestions moqueurs
D’un jet de regard lumineux à ceux proches,
Curieux jusqu’au mépris de notre présence.
Nous étions alors de tous les possibles
Et une ironie naïve en quête de sens.


Bis


Le texte de Valery sur un fronton
Du palais de Chaillot 
Pour les uns sentencieux
Pour les autres tendancieux 
Pour les foules, illisible





XXXIV)   La Dame du passage  

Te souviens-tu l’étroit passage

D’où elle paraissait chaque matin,

Heureuse qu’elle fut de voir le soleil,

Et haussant la tête elle bravait la rue

Dont elle disait ce que les murs ignorent.

Te souviens-tu cette dame au pas lent

Que nous imaginions d’un autre temps,

Sous d’autres cieux, discrète et lointaine,

Qui disait les mots en les effleurant.

Elle affichait parfois un visage acéré,

Presque illisible et sombrement tragique,

D’une stupeur que la littérature décline

Et que la vie, jusqu’à l’indécence, oublie. 

Qui aurait pu dire ce qu’elle fut

Mutine en force et plus encore séditieuse

Sans qu'elle n'en laissa rien paraître

Qui fut hors d'atteinte inavouable,

Avant le premier printemps de liberté, 

Tant la vérité, d’elle-même, s’abusait.

Elle fut au plus intense de la résistance

Sans qu’elle ne s’en fut jamais réclamée.

Mais de la fourberie, son ombre,

A la milice française elle fut livrée

Par quelques salauds de cette moisissure

Parisienne en infamie, rue Lauriston

Où la mort se donnait au comptant.

Que pouvions nous savoir qui fut intelligible

Pour, d’elle, dire ce qu’elle pouvait susciter)

Et qui fut plus que discrétion simple pudicité.

Elle était toujours d’une coquetterie surfaite

Qui nous inspirait quelques moqueries,

Et quand, parfois, nous l’accompagnions

Nous nous étonnions de ses cabas trop lourds

Dont, amusés, nous la soulagions avec ardeur.

Elle nous remerciait, muette, de son regard,

A la limite de larmes heureuses,

 Irrigué par un sourire vif et moqueur.

Puis un jour de sombre fatalité, elle disparut.

La blessure, plus que la fatigue en raison,

N’était devenu qu’un sombre désespoir

Devant  l'abjection, sa renaissance,

En appel des réhabilitations sordides 

A la faveur d'une libération fruste pour les uns,

Et complaisante pour de nombreux autres.

Elle emporta, silencieuse, cette infamie 

Dans une maison de repli dans le sud

Jusqu’à ne plus être qu’un écho lointain

Un drapeau flottant jeté en linceul !

 

 

Bis

 

Elle était ce mystère impassible

Affichant une tenue de théâtre

Dont la dignité le niait au grotesque

 

 



 



Images de rues de Paris

 

XXXV).    1

 

 Comment ne pas oublier

L’eau du caniveau rieuse

Qui coulait nerveusement

Et que nous suivions du regard

Jusqu’à ce qu’elle disparaisse

Dans la nuit des égouts

Nous allions alors le temps

Comme l’eau qui se perd

Sans savoir que nous vivions !

 

Bis

 

C’est l’aube

La journée est à vivre

Jusqu’à la nuit !

 

 

XXXVI).  2

 

La rue sous la pluie

C’était le pavé d’un gris scintillant

Et des caniveaux engorgés

A la lumière des lampadaires

Aussi incertains que lunaires

Où s’accrochaient quelques étoiles

Aussi proches que lointaines

Et toutes à jamais résolues

 

Bis

 

 Curieux ce complexe de la trace,

L'Univers aurait-il une mémoire ?



Je n'ai jamais cessé d'être à la Russie, ce que Yvan Serguievitch 

Tourgueniev fut à la France.

 Я никогда не переставал быть в России, каким был Иван Сергеевич Тургенев во Франции.

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 







Bis


Le cinéma pour imaginer
D’autres nous mêmes
En couleurs acidulées !






XXXVII)  La bourgeoise de 12 ans.



A trop réinventer le cinéma,
Et ses histoires siphonnées,
Nous n'avions plus la même naïveté,
Mais nous osions  une prodigalité 
De petite monnaie  en poches 
Qui nous autorisait la dépense,
Nous renouvelant en fidélité
Sur des sièges mal rembourrés,
Et toujours malodorants.
Nous faisions toujours la séance,
Avant qu'elle n'apparaisse.
Rideau, musique tremblante,
Et image à la lueur incertaine
C'est alors que nous évoquions  
Avec une insolente maladresse,
La petite voisine en bleu de France
Imbue de vertus bourgeoises,
Qui n’avait, pour nous,
Que des mots répugnants,
Et un dégoût sans appel.
Que pouvions nous savoir
Du désordre qui était le nôtre,
Et qui nous faisait aller,
Dans une errance bien ordinaire ?
Elle s’en amusait repue qu’elle était
De sa suffisance familiale,
Agrégat de basses intrigues,
Drapée d’un voile de sérénité.
Elle était d’un autre monde,
Où l’absolution, tenant commerce,
Faisait office de blanchisseuse.
Nous approchions de novembre 54,
Et l’arrière saison était chaude !



Bis


Elle portait des nattes en épis
Aussi blondes que longues.
Elle avait douze ans,
Et un regard assassin !

 


Prélude 2 

 

La bourgeoise de 12 ans et son courtisan

 

Que savait-il de cette gamine,

           En jupe bleue de France,

Qui cheminait, chaque matin,

           Avec sa mère aussi fière

Que froide et sèche, et qui osait l’étroit trottoir

           Où il épuisait invariablement, sur un bord de fenêtre,

           Un fond de culotte dont il détestait l'allure ?

 Elles étaient toutes deux d’un même sérail, lointaines,

           Et bien mal assurées hors leurs

murs de style entre Lourmel et Passy,

           Dont elles portaient, plus que l'aspect, l’odeur.

 Il arrivait que le père fut de l’équipage.

          Singulière apparence d’homme,  

Une énergie , sobrement typée.

          Le costume le signifiait en attitude

Et condition, honorable,

          Si ce n’était de parler, un accent, dont il abusait 

         La  diction, qui brutalement détonait

Autant qu’un léger sourire, en valeur d’échange,

          De ce qui était imaginable, entre celui qui passe

Et celui qui reste, et de sourire de cette impudence !

        

Mais c’était  un souvenir aussi vague que persistant,

  Et qui ne fut rien d'autre en dérision !


 Bis

 

Que me dites-vous de la beauté des choses ?

Celle que vous vivez, ne l'est que pour vous

Sans partage possible.

Juste un soupçon dans l'émoi et un regard volé

En façade.  

Quant au reste je vous laisse  dans le néant des mots !

Et moi dans celui de ce qu'ils croient être !

 




XXXVIII)    La table  

La lumière donnait d’en haut,
Blafarde, avec quelques scintillements
Qui projetaient des taches claires
Sur le bois d’une table vieillie et cirée.
Elle était de toutes les situations
Par son envergure dominante,
Et son plateau épais et robuste,
Affublé  de mauvaises parures.
Pour tout dire, elle jouissait
D’une laideur sentimentale 
Qui faisait notre ravissement.
De nos mains et regards,
Elle consacrait la fidélité
Jusqu’à se soumettre en pupitre
Pour nos cahiers sans couverture,  
Mémoire des fabulations de tableau noir,
Aliénantes, en cursives serrées,
Entre  des lignes de servitude,
Pour enfermer, des fausses vérités,
Ce qui put convenir en si bien repensé, 
Et qui devaient, à l’aise, se chanter.
L’âge si intime ne nous distinguait de rien
Qui fut moins infantile, quand la place
Il nous fallait libérer, et nos cahiers, ranger,
En discrétion, dans des tiroirs de solitude.
La table redevenait ce qu’elle était,
Et nos confidences, des futilités.



 Bis


Au dessus des murs
Un oiseau en cage  
Sifflait sans sous titres.





XXXIX)   Inimitié


Les beaux jours n’étaient généreux
Que  pour ceux qui pouvaient les vivre.
Le soleil souvent m’oubliait.
Et de lui souvent je me détournais.
Nous étions, l’un et l’autre,
Dans une amère inimitié.
Je ne l’aimais pas où qu’il fût,
Et quelle que fut la saison.
Et qu’il me le rendît,
M’importait bien peu. !   


Bis 

Nous n'avons du soleil
Qu'une clarté aveuglante
Et des brûlures évasives.
Quant à ses intentions !







Je n'ai jamais cessé d'être à la Russie, ce que Yvan Serguievitch 

Tourgueniev fut à la France.

 Я никогда не переставал быть в России, каким был Иван Сергеевич Тургенев во Франции.

 

































Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire