Prologue
Comment dire les choses en nouveauté, voire
les écrire, quand, en des termes, d’une remarquable pertinence et bien souvent
d’une grande valeur critique tout semble avoir été dit et couché sur le papier par ceux-là même, de Goncourt à Muller, que
nous ne cessons de fréquenter et dont nous craignons de paraphraser les travaux remarquables qu’ils ont faits
sur l’estampe japonaise et dont nul n'ignore qu'elle est du Japon plus qu'un symbole, un emblème.
Ainsi l’estampe,
dont l’histoire se rattache à l’Asie du sud-est et tout particulièrement
à l’archipel nippon, représente pour les japonistes, en France, qu’ils soient du marché Malik ou de la rue de Rivoli l’apogée
d’une ville - Edo, le développement d’un
espace - Ukyio-e et l’activité de trois dessinateurs
graveurs - Okusai, Hiroshige et Utamaro. Cette représentation regrettablement réductrice est aujourd’hui
contestée, non pour ce qu’elle implique
en propre, mais pour s’ouvrir à d’autres
époques, d’autres lieux et d’autres artistes
tout aussi remarquables et dont les contributions n’ont jamais cessé de
faire autorité auprès de ceux qu’il faut bien
appeler “les spécialistes”, improvisés ou institutionnels. Kuniyoshi, Buncho,
Kunisada, Goyo, Sharaku, Kunichika et bien d’autres apparaissent au grand jour
dans l’histoire de l’estampe mais à de rares exceptions près les monographies les concernant restent
isolées. Les bibliographies et autres monopgraphies sur Hokusai et Hiroshige et
bien sur les shunga par leur volume ont de quoi irriter par comparaison avec le
reste des ouvrages bien souvent très généralistes .
La pérennité de l’estampe, telle qu’elle se conçoit
de nos jours, est établie sur les techniques conceptuelles d’origine qui
rendent possible la réédition à petite et aussi à grande échelle. Les dessins
du Tokaido d’Hiroshige, par exemple, ont connu au moins trois grands imprimeurs
Hobei le premier, suivi de Kyoka et de Hoeido pour le plus récent. Cette
activité qui revendique une originalité
d’époque et d’atelier a pu, au vu de leur état,
utilliser les bois du graveur Jirobei ou les refaire à l’identique par
d’autres graveurs. Goyo entre la fin du XIX eme et le début du XXeme siècle fut de ceux là. L’estampe depuis
sa création s’est toujours relativisée par une “renaissance” très vite activée et
qui s’est rendue estimable et valorisée par un marché florissant mais discret. Il
n’est pas rare de voir des pièces rééditées des années 1915 et 1940 être très
recherchées et très appréciées. L'édition et la réédition qui se traduisent par l'impression et la réimpression ne sont en rien affectées si elles sont établies en tradition par les mêmes techniques et les mêmes matériaux dont les bois ou "woodblock" dont un grand nombre ont été refaits à l'identique en gravure manuelle. Certes on peut craindre que les moyens de reproduction actuels d'une très grande fiabilité déplace la notion même d'authenticité.
Aujourd'hui il existe un marché de l'estampe comme il existe un marché de la gravure et tous deux moins confidentiels qu'ils ne furent. Nous le trouvons curieusement abondant.
Aujourd'hui il existe un marché de l'estampe comme il existe un marché de la gravure et tous deux moins confidentiels qu'ils ne furent. Nous le trouvons curieusement abondant.
Pour couper cours à une histoire qui n’en est pas une
et pour ne pas sombrer dans un “asiatisme” de dernière génération, nous fûmes
portés par des affinités généreuses en lieux déjà fréquentés sur des
territoires largement balisés et qui
furent et demeurent cinématographiques, littéraires et musicaux. Nous
découvrîmes, bien plus tôt que nous ne pourrions le dire, l’univers d’Ukyo-e,
dont le nom très poétique en français le monde flottant, en dehors de
l’empire du Levant, ne saurait être le reflet de la réalité sociétale et sociale de la ville de Edo –
ancien nom de Tokyo- et des ses quartiers dont Yoshiwara est le plus “sombrement”
emblèmatique
Les sept samouraïs
Kanbeï étendard au vent
Valeureux sans maître
Et moine de raison
Katsushiro jeunesse sage
A se vouloir disciple
Et déjà souffle de l'avenirDu courage en partage
Pour être sans avoir été
Gorobei à l'ardeur simple
Compagnon immémoriel
Shichiroji tout en silence
Presque hors du temps
Et toujours si proche
Heihachi fendeur de bois
A l' humour juste
Kyuzo laconique à froid
Le juste trait du sabre
Un regard sans faille.
Que
les maîtres en haïkus nous pardonnent d'avoir osé outrager l'usage et
plus encore les règles de ce genre poétique incomparable.
Nous
ne saurions profaner ce qui constitue l'un des fondements de la pensée
et de la littérature japonaises, à savoir le waka générateur et
inspirateur du haïkaï plus connu sous le nom presque galvaudé de haïkus.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire