lundi 28 décembre 2015

Sur une exposition très atypique en milieu ruralo-urbain. Première partie


Prologue 


 Comment dire les choses en nouveauté, voire les écrire, quand, en des termes, d’une remarquable pertinence et bien souvent d’une grande valeur critique tout semble avoir été dit et couché sur le papier  par ceux-là même, de Goncourt à Muller,  que nous ne cessons   de fréquenter et dont nous craignons de paraphraser les travaux remarquables qu’ils ont faits sur l’estampe japonaise et dont nul n'ignore qu'elle est du Japon plus qu'un symbole, un emblème.

Ainsi  l’estampe, dont l’histoire se rattache à l’Asie du sud-est et tout particulièrement à l’archipel nippon, représente pour les japonistes, en France, qu’ils soient du marché Malik ou de  la rue de Rivoli l’apogée d’une ville - Edo,  le développement d’un  espace - Ukyio-e et l’activité de trois dessinateurs graveurs - Okusai, Hiroshige et Utamaro. Cette représentation  regrettablement réductrice est aujourd’hui contestée, non pour ce qu’elle  implique  en propre, mais pour s’ouvrir   à d’autres  époques, d’autres lieux et d’autres artistes tout aussi remarquables et dont les contributions n’ont jamais cessé de faire   autorité auprès de ceux qu’il faut bien appeler “les spécialistes”, improvisés ou institutionnels. Kuniyoshi, Buncho, Kunisada, Goyo, Sharaku, Kunichika et bien d’autres apparaissent au grand jour dans l’histoire de l’estampe mais à de rares exceptions près  les monographies les concernant restent isolées. Les bibliographies et autres monopgraphies sur Hokusai et Hiroshige et bien sur les shunga par leur volume ont de quoi irriter par comparaison avec le reste des ouvrages bien souvent très généralistes .
La pérennité de l’estampe, telle qu’elle se conçoit de nos jours, est établie sur les techniques conceptuelles d’origine qui rendent possible la réédition à petite et aussi à grande échelle. Les dessins du Tokaido d’Hiroshige, par exemple,  ont connu au moins trois grands imprimeurs Hobei le premier, suivi de Kyoka et de Hoeido pour le plus récent. Cette activité qui revendique  une originalité d’époque et d’atelier a pu, au vu de leur état,  utilliser les bois du graveur Jirobei ou les refaire à l’identique par d’autres graveurs. Goyo  entre la fin du XIX eme et le début du XXeme siècle fut de ceux là. L’estampe depuis sa création s’est toujours relativisée par une “renaissance” très vite activée et qui s’est rendue estimable et valorisée par un marché florissant mais discret. Il n’est pas rare de voir des pièces rééditées des années 1915 et 1940 être très recherchées  et très appréciées. L'édition et la réédition qui se traduisent par l'impression et la réimpression  ne sont en rien affectées si elles sont établies en tradition par les mêmes techniques et les mêmes matériaux dont les bois ou "woodblock" dont un grand nombre ont été refaits à l'identique en gravure manuelle. Certes on peut craindre que les moyens de reproduction actuels d'une très grande fiabilité déplace la notion même d'authenticité. 
Aujourd'hui il existe un marché de l'estampe comme il existe un marché de la gravure et tous deux moins confidentiels qu'ils ne furent. Nous le trouvons curieusement abondant.


Pour couper cours à une histoire qui n’en est pas une et pour ne pas sombrer dans un “asiatisme” de dernière génération, nous fûmes portés par des affinités généreuses en lieux déjà fréquentés sur des territoires largement balisés  et qui furent et demeurent cinématographiques, littéraires et musicaux. Nous découvrîmes, bien plus tôt que nous ne pourrions le dire, l’univers d’Ukyo-e, dont le nom très poétique en français le monde flottant, en dehors de l’empire du Levant, ne saurait être le reflet de la réalité  sociétale et sociale de la ville de Edo – ancien nom de Tokyo- et des ses quartiers dont Yoshiwara est le plus “sombrement” emblèmatique


   






Schichinin no samouraï. 
Les sept samouraïs

                               

 

Kanbeï étendard au vent
Valeureux sans maître
Et moine de raison




Katsushiro  jeunesse sage
A se vouloir disciple               
Et déjà souffle de l'avenir

Kikuchyo naïf arrogant
Du courage en partage               
Pour être sans avoir été

Gorobei à l'ardeur simple
Compagnon immémoriel
D'une amitié retrouvée  


Shichiroji tout en silence  
Presque hors du temps    
Et toujours si proche


Heihachi   fendeur de bois
A l' humour juste
Dans le carcan d'un archer


Kyuzo laconique à froid
Le juste trait du sabre
Un regard sans faille.


Que les maîtres en haïkus nous pardonnent d'avoir osé  outrager l'usage et plus encore les règles de ce genre poétique incomparable.
Nous ne saurions profaner ce qui constitue l'un des fondements de la pensée et de la littérature japonaises, à savoir le waka  générateur et inspirateur du haïkaï plus connu sous le nom presque galvaudé de haïkus.



UKIYO-E  EN DECORS ET MERVEILLES.










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